Réouverture de la librairie : “le Mille feuilles” remet le couvert à Trappes

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Dix ans après son ouverture, la seule librairie de Trappes, Le Mille feuilles a été contrainte de fermer ses portes en juillet 2016 pour des raisons financières. Elle a été de nouveau ouverte au public ce mardi 14 février. (re)Découverte de ce lieu culturel emblématique.

« Déclarez votre amour des mots » invitent les marque-pages accrochés aux volets métalliques rabattus sur les vitrines nues de la librairie emblématique de Trappes, quelques jours avant l’ouverture. Coup de cœur littéraire en cette St-Valentin où l’occasion nous est donnée de redécouvrir Le Mille feuilles, véritable institution trappiste.

Jour J, les volets cette fois sont levés. Les portes à peine ouvertes laissent entrer un vent de joie qui souffle à travers la boutique. La librairie est investie par quelques clients heureux de retrouver leurs marques et de fouiller de nouveau un peu partout à la recherche du livre qui fera leur bonheur. Au fond du magasin, derrière la caisse, la libraire appose des étiquettes sur des livres qu’elle va bientôt mettre en rayon. Rapidement, Émilie, la responsable, apparaît, sortant de son bureau, aux anges. Elle nous accueille tout sourire. Tout respire l’optimisme ici. Tout a repris vie.

Ouverte, en 2006, comme chantier d’insertion à l’emploi, la librairie, devenue incontournable dans le cœur des Trappistes à la recherche de livres vendus à des prix défiant toute concurrence, n’a pourtant pu fêter ses 10 ans « parce que l’association qui portait cette librairie a fermé. Donc elle a coulé avec. » explique Émilie. Des problèmes économiques ont en effet gangrené Bleu oxygène Développement, l’ancienne association gérante de la librairie, au point de la mettre en faillite. La fermeture, intervenue au début de l’été 2016, suscita beaucoup d’émotion parmi les habitués.

Hélette, habitante de Trappes et mère de famille enjouée, passe quotidiennement devant la boutique : « J’ai été déçue, malheureuse… ». Après sept mois de fermeture, l’annonce de la réouverture fut l’occasion d’un enthousiasme partagé, « J’ai sauté de joie ! » S’exclame Hélette, avant de raconter d’une voix enjouée : « J’ai croisé la responsable quelques temps avant l’ouverture et je lui ai dit : “mais attendez quand est-ce que vous ouvrez ?” Parce que là, il y a un manque. ». Même son de cloche pour Patricia, habitante de Voisins-le-Bretonneux et cliente du premier jour qui fréquentait déjà les lieux en 2006 :  « On s’est dit “allez ! plus qu’une semaine, plus qu’un jour” et voilà, on y est ! ». Sabrina, une Normande d’origine trappiste qui rend régulièrement visite à sa maman est ravie de retrouver ses marques quand elle revient sur Trappes  : « Parce que c’est une aubaine de trouver plein de livres pour différentes générations à des prix défiant toute concurrence. C’est presque un passage obligé finalement. Pour les enfants, c’est une bibliothèque rêvée ! » se réjouit-elle.

À première vue tout semble comme avant. Pourtant, quand on y regarde de plus près, on aperçoit de nombreuses modifications. D’abord, le bureau d’arrière-boutique qui a été entièrement rénové et réaménagé. Ensuite, les murs ont été repeints, la porte de fortune qui donne sur le jardin a été remplacée par une porte neuve. Quelques petites touches de décoration, par ci par là témoignent du changement intervenu.

Si Le Mille feuilles a pu rouvrir ses portes, c’est par la volonté de la commune, « parce que la ville n’a pas voulu perdre la librairie. » affirme Émilie, désormais employée par la mairie de Trappes. Cette réouverture permet à la librairie de poursuivre sa mission sociale : animer le quartier en proposant un accès à tous types d’ouvrages pour toutes les bourses aussi petites soient-elles, proposition rendue possible grâce aux dons de livres qui fonctionnent selon le même modèle qu’avant « Il suffit juste de venir avec des livres ! » s’esclaffe Émilie avant d’ajouter plus sérieusement « On n’a pas encore le véhicule pour aller chercher des livres. Et puis on va essayer de renouer les conventions avec les médiathèques. ».

Le chantier d’insertion a pu retrouver son but premier : réintégrer dans l’emploi des adultes qui en ont été écartés un certain temps. L’accompagnement professionnel est géré par le Cap Emploi, un organisme spécialisé dans le handicap, et le service emploi de la ville qui dispensent un accompagnement individuel à chaque salarié. « On a différents services de la ville qui peuvent venir en recours sur différentes problématiques rencontrées par les salariés du chantier, type aide à la parentalité avec la maison des parents… » précise Émilie. Les critères d’embauches eux non plus n’ont pas changé. Il faut toujours être inscrit au Pôle Emploi et y être orienté par ce dernier ou un autre organisme spécialisé dans l’aide à la recherche d’un emploi (Mission Locale…). Mais un autre critère entre en ligne de compte : « Il faut cinq bénéficiaires du RSA sur neuf salariés.» explique la cheffe de chantier. Le nombre de salariés a été réévalué, il est passé de douze en 2015 à neuf en 2017. On a réduit la voilure.

L’écologie est restée elle aussi au cœur de l’action du Mille Feuilles. Les livres qui ne sont pas sélectionnés pour la vente et ceux qui ne se vendent pas sont recyclés. Pour ce faire, un camionneur récolte le papier afin de récupérer les pages des livres voués à la benne. Ces pages seront ensuite déposées dans un centre de tri où elles seront transformées en pâte à papier qui permettra la fabrication de nouveaux livres. Ainsi reprend vie le cycle des livres.

Écoutez les témoignages des clientes diffusés sur Marmite FM 88.4.

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Infos de l'auteur

Dionysien de naissance mais Guyancourtois de cœur, j'ai grandi entre Guyancourt, Montigny et Voisins. Passionné de lecture, d'écriture et de politique, j'ai crée un blog "Elections Guyancourtoises" et participé à la rédaction du journal local "Le Complément". Le Trappy Blog est une nouvelle étape dans mon engagement.