Lhocine Houli à la Mire, le guide des jeunes de la Verrière dans leurs choix de carrière


Après une première carrière en animation, Lhocine Houli découvre le métier de conseiller en insertion à la MIRE de la Verrière, dans laquelle, depuis sept ans, il guide les jeunes de 16 à 25 ans de la ville dans leur insertion professionnelle et vers le monde adulte.


« J’adore travailler avec les jeunes. C’est plus qu’un travail, c’est une passion. Il y a un côté humain dans lequel on peut s’exprimer », répond sans hésitation Lhocine Houli, 42 ans, quand on lui demande pourquoi il a choisi d’être coordinateur en insertion. Son rôle consiste à aider les jeunes à s’insérer dans la vie active par le travail ou les études grâce à une multitude de dispositifs, parmi lesquels il est chargé de faire le tri, selon le profil de son interlocuteur. Ce travail, il le fait au sein de la Maison des Initiatives et des Réussites, ou MIRE de la Verrière, une structure municipale dont il est le responsable depuis 2017, et qui accueille des jeunes adolescents de 16 à 25 ans de la ville.

 

Ces jeunes peuvent être des décrocheurs scolaires, sortis de formation dans le supérieur sans diplôme, à la recherche d’un emploi après la fin de leurs études, ou bien en reconversion. Et ils cherchent une école, une alternance, un stage ou un emploi. Dans la jungle du monde des études et du marché du travail, tous ont besoin d’aide pour trouver la meilleure orientation et un débouché professionnel pour leur avenir. Lhocine se démène pour qu’ils y arrivent.
 

Né à Aubergenville, près des Mureaux, dans les Yvelines, le quarantenaire y a grandi et y vit toujours. « J’aimais bien faire les devoirs avec les enfants de mon quartier », explique-t-il. Du coup, après un bac pro commerce et un BAFA en 1998, il opte pour une carrière dans l’animation, à Meulan, pas loin de chez lui. Pour lui, « l’animation c’est du loisir. Mais il y a aussi un rôle éducatif », souligne-t-il. Puis, après plus de 10 ans dans le métier, il a le sentiment d’avoir « un peu fait le tour. Je voulais changer. Un jour, je suis descendu au PIJ (Projet Initiative Jeunes), en bas de chez moi, et je suis tombé sur une offre d’emploi présentant l’annonce de la mairie de La Verrière, pour un poste de coordinateur insertion avec le public 16-25 ans. Et je me suis dit : « Pourquoi pas ? » », se souvient-il.

 

Une fois sélectionné, dès le départ, Lhocine doit alterner entre deux postes. Celui d’animateur et celui de conseiller pour les jeunes de la Mire. « Il nous arrivait de rester très tard à l’Espace Jeunes, se remémore-t-il, jusqu'à 23 heures les vendredis soir. » Mais il adore son nouvel environnement de travail, se sent bien accueilli, et s’engage à fond.

 

« Quand ils viennent à la Mire, s’ils veulent parler, je les écoute. »


Depuis, dans ce nouveau métier, « mon approche à moi avec les jeunes, est de gagner leur confiance », explique l’ancien animateur. Rôle essentiel quand on sait que le lien entre ces jeunes et le monde du travail est difficile, et que c’est avant tout la confiance dans les structures d’insertion, et notamment avec les personnes qui les encadrent, qui peut faire la différence. Avant tout, avec les nouveaux, il faut apprendre à se connaître et instaurer un climat de confiance. Les habitués, eux, ont déjà l’habitude de venir juste pour leurs recherches ou pour passer du temps avec lui dans les locaux. Mais tous, quand « ils viennent à la Mire, s’ils veulent parler, je les écoute. Si un jeune vit une situation familiale compliquée, nous avons une permanence psychologique où il peut être entendu. Sinon, on partage des moments conviviaux autour d’un café ou d’un thé. J’organise aussi des apéros débats avec les jeunes. »

 

Une fois le contact et la confiance établis avec les jeunes, l’idée est aussi de rapprocher la Mire des familles de la ville. Pour ce faire, grâce à un budget alloué par la mairie, et en partie financé par la préfecture et le département, Lhocine met en place des événements familiaux conviviaux, comme La Dictée Pour Tous, avec ses lots pour les gagnants. « Ça permet de mélanger tous les publics de 6 à 80 ans », affirme Lhocine.

 

Autre type de dispositif valorisant les jeunes au regard de leur famille, et plus largement de la ville, la Soirée Des Réussites, qui vient récompenser les efforts des jeunes de la Verrière ayant obtenu leur diplôme avec des notes exceptionnelles, ou d’autres ayant participé à des projets remarquables.
 

Une fois à la Mire, les jeunes peuvent faire des demandes de stages, des recherches d’alternance ou de centres de formations, une demande de job d’été, de financement du permis de conduire ou du BAFA, et être accompagnés pour des démarches administratives. « Ce qui marche le mieux ce sont les demandes d'aides de financement, par exemple pour un voyage, un achat de calculatrice scientifique, ou même un achat de vélo », analyse Lhocine.  Après avoir rempli avec un jeune son dossier de candidature, le responsable de la Mire l’envoie à la mairie, « qui généralement accepte de les financer ». Car s’il est seul présent dans la structure, Lhocine souligne qu’il « ne travaille pas seul. J'ai une équipe avec moi, à la mairie ».

 

Pour les demandes d'aides au permis de conduire, il existe des bourses de la ville et de la région, si les parents de jeunes n'ont pas les ressources nécessaires. « Pour les jobs d'été, la mairie propose aussi des missions telles que le jardinage, refaire la peinture de certaines façades », explique Lhocine, qui s’appuie aussi sur des partenaires de l’insertion au niveau local. « Je les oriente sur des missions extérieures avec nos partenaires de pôle emploi, SQY emploi 16/25, la mission locale, l’IFEP, Face Yvelines, la cité des métiers etc… », rappelle-t-il. « Et pour ce que je ne peux pas faire directement, je les reconduis vers le service concerné, par exemple en matière de recherche de logement. »

 

« Certains manquent de sérieux dans leur travail, de motivation, de volonté. »

 

Reste que le nerf de la guerre, c’est d’aider ces jeunes à trouver un stage ou un emploi, afin qu’ils rentrent durablement sur le marché du travail. Pour certains jeunes, ceux qui connaissent « une sortie positive », comme on dit dans le jargon des conseillers en insertion quand un jeune trouve un travail ou un financement pour son projet, les choses se font simplement. D’après Lhocine, ceux qui réussissent, « c'est leur motivation et leur bon vouloir qui en est la cause », sa tâche étant alors de « les guider sur comment réussir au mieux », analyse-t-il.  

 

Fort de son expérience, le conseiller en insertion admet qu’il n'est pas facile de travailler avec certains jeunes adultes. « Certains manquent de sérieux dans leur travail, de motivation, de volonté. » C’est le cas de ceux qui ne se présentent pas à leur rendez-vous, ou qui, au bout de deux ou trois jours, ne continuent plus leur job. Certains ont aussi du mal à assimiler comment s'habiller, parler, se tenir. Un certain nombre d’entre eux « ne correspondent pas aux entreprises" résume le conseiller en insertion, alors un peu démuni.

 

Les choses sont évidemment encore moins simples pour certains jeunes qui passent par la case prison. Que faire avec ces profils ? « Entre le moment où il demande de l’aide et un autre, si un jeune a fait des bêtises, il tombe, et nous on le met en veille jusqu’à son retour. Et alors on l’aide à se réinsérer », explique Lhocine. Mais avec ces jeunes au profil particulier, il peut travailler avec ses partenaires que sont les éducateurs en insertion du service pénitentiaire d’insertion et de probation. Leur rôle, en commun, est d’essayer alors de leur trouver un emploi, de « payer, ou trouver un échelonnage de remboursement, de leurs amendes, et de ne plus flancher ». 

 

Dans cet environnement compliqué, les déceptions font partie du métier. Côté jeunes, « le seul bémol, c’est quand ils ont des attentes vis-à-vis des entreprises, écoles ou centre de formation, et que les recherches n’aboutissent pas comme on le souhaiterait. » Souvent parce que les entreprises n’ont pas besoin d'apprentis ou de stagiaires, mais aussi parfois, pour certaines, déplore Lhocine, « parce qu’elles ne jouent pas le jeu. » Par exemple quand elles ne répondent pas aux jeunes. Face à cela « je me sens impuissant, admet Lhocine. Et j’ai l’impression de ne pas les avoir assez bien aidés. » Concernant les autres entreprises, celles qui acceptent de prendre des jeunes chez elles, « il y en a plein qui n’ont pas le temps d’encadrer de jeunes stagiaires », regrette-t-il.

 

« Dans certains cas, je me sens vite débordé par la demande », concède le responsable de la structure. Alors, cet accompagnement des jeunes, c’est parfois Lhocine qui s’en charge directement, à la Mire. « J’ai actuellement trois stagiaires de troisième. Ils avaient beau chercher, ils ne trouvaient rien. Je les ai donc pris avec moi. »

 



Dissane KAFECHINA.

 


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