Vous avez peut-être entendu parler du mouvement « Black Lives Matter », « les vies des Noirs comptent », mouvement qui s’est développé aux USA en 2013 suite aux décès de jeunes afro-américains lors de contrôles de police, notamment d’Eric Garner à New York, Michael Brown à Ferguson, et bien d’autres encore. Depuis lors les manifestations contre les violences policières se sont multipliées.
Grande fut ma tristesse alors le soir du mardi 19 en apprenant la mort d’Adama Traoré, un jeune val d’Oisien noir âgé de 24 ans, mort le jour de son anniversaire. Deux versions s’affrontent sur les causes de sa mort : celle des gendarmes qui parlent d’un malaise cardiaque et celle des proches d’Adama qui dénoncent une bavure policière. Étant noire, jeune et banlieusarde, c’est tout naturellement alors que j’ai commencé à me poser pleins de questions : ce jeune délinquant ne méritait pas-t-il une seconde chance dans la vie ? Mais surtout, allons-nous voir un mouvement Black Lives Matter débarquer en France ? En tout cas les hashtag #BLMFrance et #JusticePourAdama sont rapidement apparus sur les réseaux sociaux et des artistes comme Omar Sy et Youssoupha ont témoigné leur soutien à la famille d’Adama.
C’est dans ce contexte que le samedi 23 juillet, un rassemblement de quelques milliers de personnes s’est organisé autour de la fontaine des innocents à Paris afin de protester contre la mort d’Adama Traoré. Cette foule, composée de Noirs (bien-sûr), mais aussi d’Arabes et de Blancs venus apporter leur soutien à leurs concitoyens noirs, était toute de noir vêtue selon le « dress code » prévu par les organisateurs. Pendant plus de 2h, plusieurs intervenants de différentes associations, notamment de la Brigade Anti Négrophobie, placés en face de la foule qui les écoutait, ont porté l’attention sur le racisme et la discrimination envers les noirs mais surtout sur la passivité de l’État face à tous ces problèmes. Les différents intervenants encourageaient la foule a reprendre leurs mots d’ordres. La foule a ainsi scandé à l’unisson et à plusieurs reprises « Black Lives Matter » et « justice pour Adama » face à des policiers impassibles. Durant la manifestation, les noms d’autres noirs morts lors d’arrestations par la police ont été arboré comme ceux de Bouna Traoré et Lamine Dieng.
La foule, majoritairement composée de jeunes, devait marcher de Châtelet à l’ambassade des USA mais elle a été vite stoppée par les CRS. La tension était forte mais le rassemblement s’est dissous sans altercation. Le succès de cette première manifestation peut faire croire qu’un mouvement « Black Lives Matter » pourrait bel et bien se développer en France.