Réalisé par Jodie Foster et présenté hors compétition au Festival de Cannes cette année, « Money Monster » , qui est sorti la semaine dernière dans les salles, est un véritable film choc. Georges Clooney y incarne Lee Gates, présentateur américain de l’émission « Money Monster » dans laquelle il traite l’actualité boursière et prodigue ses conseils à ceux qui souhaitent « jouer à la bourse », le tout sur un ton décalé et légèrement bouffon. Son show se retrouve un jour interrompu par l’arrivée de Kyle Budwell, interprété par Jack O’Connell, qui accède au plateau de l’émission en se faisant passer pour un livreur et prend le présentateur en otage en direct, revolver sur la tempe, et lui fait porter un gilet rempli d’explosifs. Le preneur d’otage, qui a perdu toutes ses économies en suivant les conseils de Lee Gates/Georges Clooney, veut que Gates lui fournisse, en direct, des explications sur la catastrophe boursière qu’à connu le groupe dont il est actionnaire. C’est à cet instant précis que nous nous rendons compte que les compétences de celui qui est censé être parfaitement documenté sur les cours des différentes actions cotées en bourse sont limitées.
Le suspense du film réside dans la gigantesque enquête dont le but est de trouver la cause de la chute des actions du groupe incriminé. C’est dans la manière dont est menée cette investigation que la réalisatrice parvient à nous faire une virulente critique de l’univers de la finance : un monde dans lequel les économies de personnes lambdas ne sont plus que des chiffres gérés par des algorithmes qui achètent ou vendent une quantités faramineuse d’actions en un temps record, où personne ne comprend rien aux algorithmes et autres outils utilisés dans la spéculation, où chacun se rejette la faute, et où le PDG du groupe concerné, Walt Comby , campé par Dominic West, se réfugie derrière sa responsable de communication et maîtresse Diane Lester, interprétée par Caitrona Balfe. Un monde, aussi, gangrené par les tricheurs et les fraudeurs, à l’image de ceux que nous ont fait découvrir la crise financière des subprimes de 2008. Face à l’ampleur des évènements, transmis en direct sur les télévisions du monde entier et aux preuves de son implication dans une affaire de corruption qui sont mises à jour, celui-ci se retrouve acculé et finit par avouer sa faute.
« Money Monster » nous fait ainsi prendre conscience qu’un simple clic réalisé dans les hautes sphères de la finance pour acheter ou vendre un titre peut avoir de graves conséquences dans la vie quotidienne de personnes lambdas, qu’elles habitent en ville, en campagne, dans des quartiers riches ou populaires. De toute cette spéculation dépend l’emploi ou le chômage de millions de Français. La finance et l’économie sont des systèmes dont il est nécessaire de comprendre le fonctionnement, auquel nous contribuons chaque jour lorsque nous achetons, plaçons notre argent, lorsque nous travaillons. Or, nous, ne sommes pas tous spécialistes dans ces domaines, où fleurissent des termes barbares tels que « actions », « obligations » « trends » , « CAC » et autres « CDS ». Une question se pose donc selon moi : comment pouvons nous faire pour avoir les moyens de lutter contre le déclenchement des crises financières qui provoquent le chômage, qui lui-même provoque misère et désespoir ?
Katia Nunes
* « Money Monster » de Jodie Foster, sorti le 12 Mai en France, le 13 Mai aux Etats-Unis. Avec Georges Clooney, Julia Roberts, Jack O’Connell, Caitrona Balfe, Dominic West. Durée : 1h38.