Du besoin de se compter en raison de ce qu’on raconte

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Il y a une chose qui m’a toujours un peu surprise, quand on est dans un lieu public avec mon copain : il compte toujours le nombre de noirs. Je précise que mon copain est noir également. En parlant avec des amis, ils m’ont dit « c’est ce qu’on appelle le phénomène d’identification ». Ça je peux le comprendre, toute mon enfance j’ai cru que j’étais noire alors que je suis blanche comme un c** . Au point qu’on m’appelait « bounty inversé », genre noire à l’intérieur et blanche à l’extérieur. (Il m’a fallu pas mal de temps pour accepter la réalité et comprendre que j’étais blanche, mais on reviendra sur les raisons de cette schizophrénie dans un prochain article). Bref je comprends le phénomène d’identification car dans une nouvelle classe, je m’asseyais systématiquement avec les noirs et les Maghrébins. Cependant, moi, dans un lieu public, je ne les ai jamais comptés. Étonnée, je me dis alors que mon copain se demande peut-être quel est le nombre de noirs qui s’intéressent au même loisir que lui. C’est un truc culturel, possiblement. Au théâtre, il me dit souvent « eh je suis le seul dans la salle », pareil pour certaines séances de cinéma, de spectacles ou d’événements. Mais en fait je pense que c’est un instinct de sécurité qu’il éprouve quand il est au milieu de plein de monde.

Après tout, c’est normal, on se trouve dans un pays raciste. Tous les Français ne le sont pas, mais une grande majorité l’est. Il ne faut pas se voiler la face. Certains ne savent même pas qu’ils le sont. Comment expliquer sinon ces campagnes de pubs récentes pour sensibiliser la population contre le racisme ! Celles où des images violentes défilent avec des propos aberrants en fond. Pourquoi ces slogans si les Français n’étaient pas racistes. Rappelons que notre ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, Laurence Rossignol a récemment dit : “Il y a des femmes qui choisissent (le port du voile, ndlr), il y avait aussi des nègres américains qui étaient pour l’esclavage”. Elle s’est excusée en disant que c’était une faute de langage. Tu parles d’excuses bidon. L’autre jour encore, un article de Libération révélait que des policiers avouaient faire des contrôles au faciès. Ce qui n’a rien d’étonnant pour les gens qui ont grandi dans un quartier. Combien de fois mon frère (même père même mère, ma mère est Algérienne et il a pris son teint, contrairement à moi) s’est fait contrôler parce qu’il a la peau mate ? Combien de fois mon copain panique s’il n’a pas sa carte d’identité sur lui dehors ? L’étonnant, au final, c’est uniquement de le lire dans un journal. Compter le nombre de noirs doit rassurer mon copain, tout simplement.

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Infos de l'auteur

Salut à tous, moi c’est Cindy, « Dyce » ou « le soleil de la marmite » pour les intimes. Et oui, je suis chroniqueuse à Marmite.FM. J’adore le théâtre et le ciné, j’ai d’ailleurs un blog relatant ces passions : CSTV.fr. Côté étude, j’ai un master d’histoire et une licence d’anglais.