Myriam, du Bois de l’Étang à la Malaisie, parcours d’une ambitieuse qui prend son envol.
Myriam est une jeune du Bois de l’Etang, à la Verrière, dont la réussite scolaire et professionnelle va à l’encontre d’un grand nombre de préjugés. Portrait.
« Dans mon parcours scolaire, à La Verrière, j’ai joui des dispositifs de la ville. Tout était mis à disposition pour réussir, et Dieu merci, j’avais les résultats qui suivaient », confie Myriam, 21ans, ingénieure chez Renault. Sur son temps libre, la jeune femme donne à son tour des cours de renforcement à des élèves de primaire et collèges des maisons de quartiers d’Orly Parc et du Bois de l’Étang. « La ville m’a apportée beaucoup et j’essaie de le rendre au profit des plus jeunes », explique-t-elle.
Au moment d’entrer en école d’ingénieur à Nanterre, alors qu’elle doit trouver une alternance, ce soutien, elle l’a aussi reçu de la Maison des Initiatives et des Réussites, plus connue par les habitants sous le nom de MIRE, dont le rôle est essentiellement d’accompagner les publics les plus jeunes vers l’emploi et l’insertion sociale. « J’adore la cosmétique. Donc je visais une alternance des grandes marques de boites de cosmétiques, et chez l’Oréal », déclare la jeune ambitieuse.
Pendant la période Covid, elle postule néanmoins à plusieurs autres offres d’alternances, et notamment auprès de Renault. « Ma candidature a été retenue pour un entretien. N’ayant pas une bonne connexion internet, je suis allée dans les locaux de la MIRE, et avec l’aide du coordinateur, j’ai passé mon entretien en visioconférence. Et à ma grande surprise, j’ai été retenue ! », s’enthousiasme Myriam.
"Mon passage du DUT à l’école d’ingénieure, s’est fait logiquement"
Dans son parcours, Myriam suit les traces de son père, son modèle, arrivé en France des années plus tôt, et qui, après avoir grandi dans les bidonvilles de Nanterre, tout en travaillant à côté pour financer son rêve et avec le soutien indéfectible de sa mère, décroche un DEUG puis une Licence et une Maitrise en mathématiques, avant d’obtenir un diplôme d’ingénieur en informatique.
Avec ce père, et sa mère femme au foyer jusqu’à récemment, qui est devenue assistante maternelle, Myriam, l’ainée d’une fratrie de quatre enfants, a toujours grandi dans la résidence du Bois de l’Étang à La Verrière. Après avoir fréquenté les écoles maternelles et primaires de la ville et le collège du Mesnil-Saint-Denis dans lequel vont les élèves de son quartier, elle intègre le lycée des Sept Mares à Maurepas. Elle continue son parcours dans un DUT à Rambouillet. Puis, « mon passage du DUT à l’école d’ingénieure, s’est fait logiquement. J’avais le choix entre une licence professionnelle, une prépa scientifique ou une école d’ingénieur directement en bac +3 », précise-t-elle.
"Il m’est arrivé parfois d’entendre des garçons de ma classe me conseiller d’être secrétaire au lieu d’ingénieure"
Tout n’a pourtant pas été facile dans son parcours. La jeune ingénieure confie avoir été victime de sexisme et de misogynie, assez répandu dans un secteur où se rencontrent plus d’hommes que de femmes. « Il m’est arrivé parfois d’entendre des garçons de ma classe me conseiller d’être secrétaire au lieu d’ingénieure, malgré le fait que mes moyennes de classe les dépassaient largement », se souvient Myriam.
Les stéréotypes que vivent beaucoup de jeunes de quartier, Myriam les entend parfois au travail, quand certains collègues font les étonnés qu’une femme comme elle issue d’un quartier populaire n’est pas « une racaille ». « Il m’arrivait d’entendre de leur part qu’il y aurait des coups de feu tout le temps dans les quartiers », relate la jeune femme, d’autres collègues se flattant de ne « pouvoir jamais y vivre ».
Quant aux critiques plus ou moins subtiles sur sa religion qu’osent certains collègues de classe ou de travail, « je les ignore tout simplement, Myriam, ne se voyant pas « discuter une religion avec une personne qui n’en a pas », tacle la jeune femme.
Mais tout cela ne constitue pas un frein pour Myriam, en perpétuelle recherche d’acquérir plus afin de rendre ses parents toujours plus que fière d’elle. Le jeune femme a pour ambition d’effectuer un voyage de recherche en Malaisie dans le domaine de l’aérodynamique. Pour avancer. Toujours.
Dissane KAFECHINA