Anicia, le courage d’entreprendre pour vivre pleinement.


À La Verrière, depuis deux ans, Anicia a fait le choix audacieux de quitter un CDI stable pour se lancer dans l’auto-entreprenariat, afin d’avoir une vie de mère et d’épouse plus harmonieuse. Portrait.

 

« Moi qui pensais que les horaires de bureau allaient correspondre plus avec la vie de maman. Les horaires rigides, les trajets, les absences répétées m’ont privé des moments précieux », raconte Anicia, 33 ans. Pour elle, la routine du « métro-boulot-dodo » en tant qu’agent d’accueil à la Caisse primaire d’assurance maladie de Nanterre a fini par peser lourd. Pourtant ce métier était plus stable que celui qu’elle a eu pendant deux ans en tant hôtesse de caisse au magasin Grand Frais à Trappes, travaillant les soirs et les week-ends. Elle se souvient qu’alors qu’elle travaillait à Nanterre : « j’ai reçu une vidéo de mon fils faisant ses premiers pas. Cela m’a brisé le cœur de ne pas avoir été là pour le vivre. Ce constat est devenu un déclic. » Anicia décide de quitter son travail pour se recentrer sur sa famille et son épanouissement personnel. Elle se tourne alors vers l’entrepreneuriat.

Après un regroupement familial à l’âge de sept ans avec sa sœur âgée de douze ans, au sein d’une fratrie unie de sept enfants, elle grandit à Jouy-le-Moutier, dans le Val-d’Oise, se marie en 2019 et s’installe à La Verrière dans le quartier du Bois de l’Étang, la maman d’un petit garçon de quatre ans se souvient : « Dès qu’il y avait une décoration d’anniversaire à faire en famille, c’était toujours moi qui le faisais, et j’avoue que j’ai toujours été habile de mes dix doigts ». Elle se lance dans la papeterie et les objets personnalisés, un univers où elle peut exprimer sa créativité tout en gérant son temps selon ses priorités. Et elle crée son autoentreprise, non sans difficulté administrative, « surtout l’Urssaf » confie Anicia tout sourire. « A la base je voulais m’orienter dans l’événementiel, mais je voulais commencer à petit pas. Mais je fais aussi la décoration des évènements à thème. Aujourd’hui, je le vois comme mon vrai métier, plus qu’une simple passion », conclut Anicia.

 

" Soutenir un entrepreneur, ce n’est pas seulement acheter, c’est aussi reconnaître son savoir-faire et encourager son audace.»

Deux ans après le lancement de son activité, Anicia confie que « le soutien envers les entrepreneurs, surtout ceux qui débutent, est souvent un pilier essentiel à leur réussite. Soutenir un entrepreneur, ce n’est pas seulement acheter, c’est aussi reconnaître son savoir-faire et encourager son audace.» Pourtant, autour d’elle, regrette-t-elle, « beaucoup, préféraient demander des réductions plutôt que de passer commande, comme si mon travail n’avait pas la même valeur qu’ailleurs. » Certains trouvent ses créations plus chères que les produits vendus en grande surface. Elle, rappelle-t-elle, ne peut pas s’aligner sur les prix des hypermarchés. Là où eux produisent à grande échelle, elle crée de ses propres mains, avec soin et authenticité.

A l’heure actuelle, son activité ne lui permet pas encore d’en vivre pleinement, sans doute parce qu’elle n’a pas encore fidélisé une clientèle solide. La charge de travail est considérable : entre la production, la gestion administrative et la prospection, elle doit tout assumer seule. « Je travaille quand je veux, mais deux fois plus », confie-t-elle avec lucidité, assumant que sa liberté a ce prix. Et elle se sent parfois isolée dans son travail, ne connaissant pas de réseau d’entrepreneurs sur la commune.

« J'étais émue d’accompagner mon fils et sa classe à leur sortie de fin d’année à la mer »

Pour pallier ces difficultés, son mari a choisi de l’embaucher comme secrétaire au sein de l’entreprise qu’il a créée et développée, après avoir été longtemps salarié comme chargé d’affaires dans un bureau d’études dans le domaine de l’électricité. Ce poste assure à Anicia un revenu stable tout en lui laissant la flexibilité nécessaire pour continuer à développer sa propre activité et consolider peu à peu les bases de son indépendance professionnelle.

Anicia travaille désormais à sa convenance, dans un domaine qui la passionne. Cette liberté lui permet aussi de consacrer du temps à son fils et de participer pleinement à sa vie scolaire, notamment en tant qu’accompagnatrice lors des sorties extrascolaires : « j’étais émue d’accompagner mon fils et sa classe à leur sortie de fin d’année à la mer, se souvient-elle lors de sa première sortie parce que c’était quelque chose que je ne pouvais pas partager avec avant, à cause de mon travail. »

Quand on lui demande quel conseil elle pourrait adresser aux femmes qui souhaiteraient se lancer dans l’entrepreneuriat la maman confie : « Il faut garder la tête sur les épaules et avoir foi en soi. Rester fidèle à ses objectifs est essentiel, sans se laisser atteindre par les remarques qui peuvent dévaloriser ou décourager. »

 

Dissane Kafechina 


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