De Meknès à Trappes : le parcours de Naïma, cadre de santé engagée


Arrivée seule du Maroc à 20 ans, Naïma, après une vie en tant qu’infirmière, dirige aujourd’hui un service hospitalier à l’hôpital de Garches.

« J’aime accompagner les aides-soignantes à passer leurs concours. Je me sens utile, et c’est une vraie satisfaction de les voir évoluer », affirme Naïma, 57 ans, cadre de santé à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches depuis 9 ans, où elle dirige un service de 24 lits, y gère le personnel soignant, de jour comme de nuit, en étroite collaboration avec les médecins du service, et supervise également un hôpital de jour dédié aux consultations et aux hospitalisations de courte durée. « Je m’occupe aussi des réclamations des patients, je suis présente dans toutes les réunions pour améliorer la qualité et la sécurité des soins », précise-t-elle.

Un des plaisirs qu’elle trouve dans son métier consiste aussi à encourager des aides-soignantes à évoluer vers les métiers d’infirmière ou de kiné, et à les accompagner à travers des formations internes. « J’adore guider les aides-soignantes vers leur concours d’infirmière ou de kiné. Quand elles réussissent, je suis fière d’elles. Voir leur évolution, leur montée en compétences, c’est ce qui me motive au quotidien », explique-t-elle.

Mais dans le métier de Naïma, qui consiste aussi à jongler entre les ressources humaines et les besoins du service, tout n’est pas simple. « Les plannings des infirmiers, aide soignants et agents de service hospitalier, les arrêts maladie, trouver du personnel au dernier moment… Il faut souvent tout réorganiser au dernier moment. » Et les réunions à répétition aussi, qui concernent la gestion de la qualité des soins, les protocoles à mettre à jour, les réunions de coordination avec les médecins, ou les projets d’établissement. Malgré cela, sa passion reste intacte, portée par un profond sens du collectif.

 

"J’ai très tôt voulu travailler dans la santé pour aider les autres"

Cette vocation va être déterminée, loin de Paris, par une enfance passée à Meknès, au Maroc, marquée par une maladie de naissance l’empêchant de faire de grands efforts physiques en raison de difficultés à respirer. « Étant enfant, j’étais malade mais très entourée, j’avais beaucoup d’amis, se remémore celle qui était une bonne élève. Je lisais énormément, et j’ai très tôt voulu travailler dans la santé pour aider les autres. »

Pour cela, tout n’a pas été toujours facile au début. Elle reste au Maroc, seule, pendant deux afin de finir ses études au lycée, alors que sa famille était déjà partie en France. Son bac en poche, elle finit par les rejoindre, âgée de 20 ans, à Perpignan, et y intégrer la fac pour suivre des études scientifiques, où, ne connaissant personne, elle a d’abord du mal à s’intégrer. « Mais j’ai vite rencontré d’autres étudiants étrangers, raconte la mère de famille. Ça m’a donné une ouverture d’esprit incroyable, une vision plus globale de la société et une tolérance culturelle ».

 

"J’ai toujours aimé endosser des responsabilités. J’avais besoin de changement"

Puis, elle passe avec succès le concours d’entrée en école d’infirmière, et, trois années plus tard, elle obtient son diplôme, en 1999. Naïma quitte alors Perpignan pour la région parisienne afin de rejoindre son père et ses sœurs. Elle exercera d’abord à l’hôpital Georges Pompidou à Paris, en chirurgie orthopédique, avant de rejoindre l’hôpital de Garches, il y a 9 ans.

Après dix ans en tant qu’infirmière, le besoin de renouveau la pousse ensuite à évoluer. « J’ai toujours aimé endosser des responsabilités. J’avais besoin de changement. » Elle devient alors « faisant fonction de cadre » pendant huit mois avant de réussir le concours de cadre et de suivre une année de formation. Ses responsabilités incluent depuis la gestion du personnel, les plannings, le suivi des formations, la médiation avec les familles et les patients.

Aujourd’hui maman de deux enfants, de 20 et 16 ans, elle estime que leur présence a été un pilier dans sa vie : « Mes enfants m’ont donné de la stabilité. Ils m’ont encore plus ancrée ici. », confie Naïma. Elle affirme avoir été épanouie avant de devenir mère, mais reconnaît que la maternité a renforcé son sentiment d’appartenance. Son lien avec le Maroc, lui, ne s’est jamais rompu. Elle y retourne régulièrement en vacances, pour voir ses amies d’enfance et le reste de sa famille. « Je garde des contacts forts. Le Maroc fait partie de moi. Mais ma vie est en France. J’y resterai après ma retraite, mais je continuerai à aller au Maroc. C’est ma terre, mon origine. J’ai deux pays dans le cœur. »

 

Hajare Lofti

 


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