La téléréalité “cage à rats ” vue par les enfants (et leurs parents)

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Depuis plusieurs années, les écrans français sont en effervescence du fait de la téléréalité, ce concept d’émission qui met en avant des personnes ordinaires dans des situations réelles. Mais quel est l’impact de la téléréalité lorsqu’elle touche les plus petits ? Pour y répondre, je suis partie à la rencontre de d’enfants âgés de 6 à 12 ans.

Il existe différents types de concept de téléréalité. C’est ce que j’ai découvert en me renseignant sur le sujet. Il y a les télé-crochets (“The voice”, “Les reines du shopping”…), ou encore des émissions jouant sur la séduction telles que “L’île de la tentation” ou “Qui veut épouser mon fils ?”.

Mais les programmes qui captivent l’attention des téléspectateurs sont ceux qui font vivre les candidats en communauté, dits “cages à rats”. Le but est d’y suivre le quotidien de plusieurs personnes qui vivent ensemble, généralement coupés du reste du monde (“Secret story”). Ou, au contraire, à l’autre bout du monde, dans des cadres de rêves (“Les anges”) et ayant un but à atteindre (100 000 euros à la clé, projet pro…). Qu’en pensent les enfants et leurs parents ?

La petite Lylia, six ans, actuellement en CP me fait de grands yeux lorsque je lui demande si elle aime la téléréalité. “C’est quoi la téléréalité ?” me demande-t-elle d’un ton assez surpris. Mais quand je lui cite quelques noms de programmes, elle sait tout de suite de quoi je parle. Elle me déclare le sourire aux lèvres que son programme préféré est celui des “Marseillais”, car Jessica, une des candidates, est “sa préférée”. Mais le visage de Lylia se ferme quand je lui demande ce qu’elle pense des gros mots dits dans ce genre de contenu. Elle répond : “Quand j’entends des gros mots, c’est comme si on me renverse un verre de lait sur moi.”
À ma grande surprise, Lylia, du haut de ses six ans, me dit que parfois, sa mère lui demande d’arrêter de regarder la télé, quand les candidats s’embrassent ou se touchent.

Camilia et Soumayeh, âgées de douze ans, me confient aimer la téléréalité. Elle est même une de leurs principales conversations au collège. Mais petit hic : tandis que la mère de Camilia ne voit pas d’inconvénient à ce qu’elle regarde la téléréalité, les parents de Soumayeh lui interdisent formellement. Ils jugent ce genre de programme déplorable. “Mes parents ne veulent pas que je regarde, mais je le fais quand même”, dit-elle, le regard fuyant.

Car pour certains parents, il est hors de question que leurs enfants suivent de tels programmes, qui ne correspondent pas à l’âge de leurs enfants. C’est le cas de Sarah, quarante-deux ans, maman de deux lycéennes. Elle est, par ailleurs, la tante de Lylia. “Ces programmes ne sont d’aucune utilité, ils banalisent le sexe et la nudité. Parfois même, on assiste à des scènes violentes. Je ne pense pas que l’enfant a assez de recul face à ça”, dit-elle. Sarah me dit qu’elle a vu certains changements chez Lylia. “Lylia a conscience de beaucoup de choses que mes enfants ignoraient à son âge. Elle sait ce qu’est une rupture, ou encore ce qu’est une dépression !”

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