Aujourd’hui, j’avais envie de partager avec vous une partie du quotidien d’une femme, qu’elle soit de banlieue ou non. Allons‑y, la dernière fois, j’étais en rupture de tampons (ceux pour les règles, pas pour les courriers, mettons-nous d’accord). Je me suis donc rendue au supermarché. Là j’y ai croisé deux connaissances (des hommes). On s’est salué et on est reparti chacun de notre côté. Seulement voilà, je n’avais que mes tampons à acheter, et le magasin est petit. Je me suis vite retrouvée à devoir aller à la caisse. Et là, dilemme : ces deux fameuses connaissances y sont aussi et bizarrement je n’ai pas envie qu’ils sachent que j’achète des tampons et juste des tampons. Je fais donc demi-tour et, alors que j’étais pressée, retourne dans le rayon beauté en attendant leur départ. Mon attitude m’a étonnée moi-même car je suis la première à avoir un discours ouvert sur les menstruations. Ça ne me gêne pas d’aller au supermarché et de m’acheter des tampons quand mon caddie est pleins d’autres trucs. Certes, ils sont moins visibles, cachés parmi les autres articles. Mais mon attitude m’a fait réfléchir : pourquoi ai-je eu honte ? Ce n’est pas comme si les gens ne se doutaient pas que j’avais mes règles, à 27 ans. Et puis, j’ai remarqué que je ne faisais pas que ça. Quand à la maison viennent des invités, je range ma boite de tampons dans le placard, hors de vue. C’est quand même étrange car il n’y a rien de honteux ou de dégradant dans le fait d’avoir ses règles. J’ai essayé de trouver une explication durant les jours qui ont suivis. Deux idées me sont venues : Soit, de tout temps et jusqu’à la fin des temps, parler des règles relevant de l’ordre de l’intime, c’est exposer un fait privé dans la sphère publique. D’où ce rejet. Compréhensible. Ou bien ce sont les normes actuelles la société qui, sur ce sujet comme sur tant d’autres, conditionnent les femmes à ne pas parler, afin que celles qui ont leurs règles se cachent. Règles arbitraires, injustes, comme tant d’autres. Vous vous en doutez peut-être je penche pour la deuxième théorie. Et elle se confirme. Dans le collège où je travaille, on a des serviettes hygiéniques de côté pour les élèves. A chaque fois que l’une d’entre elles m’en demande une, c’est d’abord en chuchotant, puis, en prenant la serviette discrètement. C’est presque une mission : éloigner les potentiels garçons de la zone, fermer la porte du bureau et donner très vite la serviette qui est aussitôt fourrée dans une poche. Pourquoi ? Parce que l’élève s’expose à de possibles moqueries. C’est encore pire si elle tâche par mégarde son pantalon. Je trouve que c’est faire une sacrée histoire d’une chose aussi naturelle et incontrôlée. Même les grandes marques en jouent : petites boites mignonnes pour cacher sa serviette, des tampons faciles à glisser dans le sac. Je ne sais pas trop quoi en penser. A vrai dire, avant aujourd’hui je ne m’étais jamais autant interrogée sur mes règles. Ce qui est sûr, c’est que si les hommes avaient leurs règles, on en entendrait bien plus parler. Je les imagine bien dans les vestiaires d’un club de sport en train de comparer leurs protections et la durée de leurs menstruations. Serait-ce le fait qu’on soit dans une société dominée par les hommes qui change la donne ? J’ai bien ma petite idée…
Et si les hommes avaient leurs règles
0
Partager sur :