Voilà mon premier article pour le Trappyblog. Quand Mehdi m’a proposé le projet, j’ai tout de suite été emballée. Je vois ce blog comme le Indignez-vous de Stéphane Hessel. J’ai souvent envie de prendre la parole pour dire ce qui me révolte, ce qui m’émerveille, pour dire ma vérité. En cela, le Trappyblog est une opportunité formidable. Contrairement à mes deux compères Amina et Samir, ce post ne sera pas sur la vie à Trappes (en partie parce que je suis de la Verrière), mais plus particulièrement sur le Pôle Emploi se trouvant à Trappes.
Je vous explique : début septembre, je me suis retrouvée au chômage. Après deux semaines d’attente pour un rendez-vous d’inscription, me voilà à attendre à 13h00 tapante dans la vaste salle du rez-de-chaussée de Pôle Emploi. Il est 13h15 quand on m’appelle enfin. La dame qui me reçoit me dit qu’elle est venue me chercher avant, mais que j’étais en retard donc elle a vaqué à ses occupations et que maintenant on est en retard. Je proteste bien que j’étais à l’heure mais elle m’ignore complétement.
Le marathon de la déshumanisation commence. Elle parle à toute vitesse, me presse pour mes papiers, m’aboie limite dessus pour que je réponde (elle de la chance qu’on me décrive comme zen). Elle s’énerve sur son ordinateur car elle n’arrive pas à entrer les données, se lève, va demander de l’aide. J’ai l’impression que leur logiciel est bien difficile à comprendre, à moins qu’elle ait besoin d’une formation supplémentaire. Passée ma gentille compassion, elle commence à sérieusement me taper sur le système en m’arrachant des mains les papiers que je dois remplir. Puis je me mets à rigoler, je ne peux pas m’en empêcher, elle est trop stressée comme si sa vie dépendait de cet entretien. Puis j’ai de la peine car une femme d’une cinquantaine d’années ne devrait pas avoir autant de pression sur les épaules. Elle est odieuse mais elle me fait de la peine. Et c’est à nouveau l’ascenseur émotionnel, je bous intérieurement.
Pourquoi ? On est en train de remplir mon profil. Elle me dit : « Je veux bien vous mettre dans la case hôtesse mais il faut VRAIMENT savoir parler anglais », à quoi je réponds « J’ai une licence en anglais ça devrait aller ». Elle poursuit : « Mes collègues ont dû se tromper, ils ont mis que vous cherchiez à travailler pour un journal » (l’air abasourdi). Encore une fois, je dois lui dire que j’ai été correspondante locale de presse donc non ce n’est pas une erreur de ses collègues. Oui je maîtrise parfaitement le français écrit et oral j’ai un master en histoire ! C’est vrai que je ne paye pas de mine, j’ai un jean troué, les cheveux en chignon avec des mèches qui sortent de partout, je ne suis pas maquillée et j’ai une grosse doudoune.
Mais alors quoi on juge les jeunes à leur apparence. Avant de lui débiter mon parcours scolaire je n’étais pas digne de respect. Maintenant, elle me lèche limite le cul en faisant des blagues « Oh il ne faut pas que je fasse de fautes d’orthographes devant vous, un master en histoire ». Bizarrement, elle est tout sourire et un peu moins stressée. Je ne la dégoute plus autant. Et oui, attention j’ai des diplômes. J’ai envie de lui crier que mes diplômes j’aimerais les accrocher dans mes chiottes car c’est de la merde. J’ai appris plein de choses pendant mes études, mais ce n’est pas eux qui me rendent intelligente. Cultivée peut-être, mais pas intelligente. Mon intelligence je la dois à mon environnement (ma famille, mes ami(e)s, mes rencontres). Surtout, je me demande comment elle reçoit les jeunes de quartier qui galèrent et qui n’ont pas de beaux diplômes à brandir contre son arrogance.