Michel Roux transmet son expérience du judo aux Trappistes depuis 50 ans. Portrait d’un humaniste passionné.
« J’ai commencé le judo à Trappes, où j’ai été élevé, dans mon club d’origine, mon club de cœur » explique fièrement Michel Roux, la soixante-dizaine fringante, responsable technique et entraîneur du Bushido Club Trappes (BCT). Le judoka, gradé ceinture noire septième DAN, a commencé le judo en 1960, avec le fondateur et premier professeur de son club, à Trappes, où il a grandi jusqu’au début de la vingtaine, dans le quartier Jean Jaurès. Après s’être marié et avoir emménagé à Coignières, il a construit sa vie à Saint-Léger en Yvelines. Michel dit de sa ville d’origine qu’elle lui a apporté l’ouverture d’esprit et la convivialité. Il ne s’en est jamais coupé, depuis qu’il a pris la responsabilité du club en 1972, jusqu’à aujourd’hui.
« Trappes est un club compétiteur depuis toujours » explique Michel. En la matière, du milieu des années 80 au milieu des années 90, sont arrivés « les moments les plus forts du club », affirme le judoka, avec de nombreux excellents résultats, notamment de ses anciens partenaires de judo, Martial Rousseau et Pascal Tayot, ce dernier ayant plusieurs fois été titré champion de France et médaillé d’argent olympique en 1992 à Barcelone. C’était l’époque où beaucoup de déplacements et séjours internationaux s’effectuaient dans de nombreux pays d’Europe.
"Un club, c’est une structure qu’il faut alimenter constamment, si personne ne l’alimente, la structure meurt"
Dans ses souvenirs, Michel se rappelle que « Trappes était un club très familial. Et des bénévoles, il y en avait beaucoup ! », rappelle-t-il. Par rapport à cette époque, Michel regrette qu’un changement de mentalité ait eu lieu, et que moins de personnes ne s’investissent dans le bénévolat. Avant, pour Michel, être bénévole était un investissement anodin, aujourd’hui c’est un investissement rare, or « un club, c’est une structure qu’il faut alimenter constamment, si personne ne l’alimente, la structure meurt », prévient Michel.
Aujourd’hui, le club se compose toujours de nombreux combattants, et des judokas en pôle France et Espoir, ayant le potentiel d’évoluer au plus haut niveau. Après les derniers championnats de France cadets qui se sont déroulés le 22 mai dernier à Ceyrat, dans le département du Puy-de-Dôme cette saison, le responsable technique se dit « fier des résultats de cette saison. » Billal (17 ans) judoka au pôle Espoir d’Orléans a réussi à s’y qualifier, et Kadidja, 15 ans, a réussi à se hisser en huitième de finale, pas loin du podium. « C’est quelque chose à poursuivre », résume d’une courte phrase Michel.
Aujourd‘hui, Michel se consacre au sein du club à la partie administrative, afin que chacun dans le club puisse « baigner dans un milieu bien organisé. » Son rôle est aussi d’accompagner des judokas des groupes compétiteurs et ceux des catégories cadet à sénior, dans leurs développements sportifs bien sûr, mais aussi scolaires et personnel, en vue de leur faire passer « le bac judo », s’amuse Michel, c’est-à-dire la ceinture noire.
"Accueillir les nouveaux, c’est quelque chose qu’on sait bien faire"
Mais le club est ouvert autant sur l’aspect loisir que compétition. « Accueillir les nouveaux, c’est quelque chose qu’on sait bien faire » garantit amicalement le pédagogue. Car pour lui le judo est un sport enrichissant qui enseigne les 8 valeurs du judo que sont : politesse, courage, amitié, contrôle de soi, sincérité, modestie, honneur et respect d’autrui.
Aujourd’hui et avec la situation sanitaire de ces trois dernières années, tout le fonctionnement et les déplacements du club ont été ralentis. Pendant cette période, Michel déplore que le club « a perdu plusieurs judokas et entraîneurs », car beaucoup ont refusé de se vacciner.
Face à cette situation, retroussant ses manches une nouvelle fois, Michel se rend compte que le BCT a besoin de visibilité pour pousser de nombreux jeunes à pratiquer le judo, et ainsi attirer les bénévoles. « Faire c’est bien, mais faire savoir c’est mieux », résume le responsable. Avec peut-être l’organisation d’un tournoi pour la saison prochaine.
Car pour le dirigeant trappiste, il est essentiel que le club de Trappes s’investisse dans la ville et l’agglomération. Cela peut prendre la forme de démonstrations, comme celle des 22 et 23 juin derniers, lors de la journée olympique, sur l’île de loisirs de st Quentin. Le club y était présent pour faire pratiquer le judo à des élèves des collèges et écoles alentours, accompagnés de leurs professeurs d’EPS, heureux de découvrir ce sport que beaucoup n’avaient jamais pratiqué. Et ceux qui le pratiquaient étaient tout aussi heureux de pouvoir montrer à leurs camarades leurs compétences. Pour Michel, il était essentiel d’être présent lors de cette journée, « pour le club. Et pour les jeunes. »
Rebecca Kipanda Tuleki