Première semaine de travail salarié de toute ma vie


Kandia a trouvé un job d’été proposé par la mairie de Trappes, en vue d’accompagner des jeunes pendant les vacances scolaires. Récit.

mercredi

” j’ai failli mourir aujourd’hui ! J’ai encore la tête qui tourne ! Kandia, t’as failli me tuer ” se plaint Mélanie, l’une des responsables des animateurs, ce premier jour des villages d’été mis en place par la mairie de Trappes pour offrir aux Trappistes des activités pendant les vacances, malgré la situation sanitaire actuelle. Moi, je suis employée par la mairie de Trappes pendant toute la période que dure les villages d’été, jusqu’au 15 août. Je travaille au site de « Chansac », pas loin du collège « Le village » et du gymnase Guimier. J’étais en train d’apprendre à utiliser une structure gonflable qui tourne et que les enfants doivent éviter, soit en sautant soit en se baissant ne pas prendre de coup. « Comme à fort boyard » a affirmé un jeune. Cette structure tourne à différentes vitesses, la lente sur le bouton orange, la moyenne sur le bouton vert et la grande vitesse sur le bouton rouge, qu’on n’est pas autorisés à utiliser quand il y a des enfants. Avant l’arrivée du public, pour tester la structure et s’amuser un peu, deux animateurs, dont Mélanie, ont voulu tester la structure. Et moi, sans faire exprès, j’appuie sur le bouton rouge, et Mélanie se prend un coup brutalement sur la tête. Je me suis sentie tellement mal. En plus c’était mon premier jour, qui commence mal…

Du coup, j’ai décidé de juste gérer dans un premier temps les entrées et sortie de la structure et de ne pas m’occuper des boutons. Les enfants y rentrent par groupe de cinq, histoire de respecter les distances de sécurité, et jouent pendant cinq minutes. Et puis je les fais sortir. Ce qui fait galérer à l’activité « structure gonflable », c’est qu’il faut regonfler tous les cinq minute le truc qui tourne, en plus de gérer les boutons. C’est pour ça qu’on a besoin d’être deux pour le gérer. Ce qui est sûr, c’est que c’est l’activité préférée des enfants. Il y a même eu des enfants qui n’arrêtent pas d’y jouer de la journée, au point que j’ai pu retenir leur nom dès mon premier jour.

J’étais trop contente et agréablement surprise, puisque j’avais déposé des CV un peu partout, mais sans réponse. J’ai besoin d’argent pour passer le permis

J’ai obtenu ce travail en allant déposer un CV et une lettre de motivation au service jeunesse de la mairie, en notant sur l’enveloppe : “pour Yannick. Important”. Yannick, c’est l’adjoint du directeur du service jeunesse de la mairie. Je le connais parce que je faisais de l’escalade avec lui, en tant que jeune, en 2016. Quand je l’ai revu dernièrement, je lui ai dit que j’étais en train de passer mon diplôme du BAFA. C’est là qu’il m’a proposé de déposer mon CV pour l’été. CV que j’ai déposé un mercredi. Le vendredi suivant j’ai reçu un appel de Mélanie qui m’a proposé un rendez-vous pour un entretien. J’étais trop contente et agréablement surprise, puisque j’avais déposé des CV un peu partout, mais sans réponse. J’ai besoin d’argent pour passer le permis. Lors de cet entretien, Mélanie m’a un peu expliqué comment ça allait se passer. Il y a quatre villages d’été à Trappes dans quatre quartiers avec quatre équipes d’animateurs différentes : à côté du gymnase Broustal, dans les quartiers Langevin et Jean Macé et enfin à Chansac, mon village. Ces villages peuvent accueillir jusqu’à 70 personnes maximum, en respectant les distances de sécurité.

Mon village se situe sur un terrain de basket. Presque toutes les activités se font dehors sauf l’activité de réalité virtuelle, qui se trouve dans un des vestiaires. Il y a un espace détente, la plupart du temps pris par les mamans qui se posent sur les transats, sous des parasols, en surveillant leurs enfants dans l’espace pour les tout-petits, où les enfants aiment rentrer dans la maisonnette qui contient plein de jouets.

Nous sommes une quinzaine d’animateurs pour veiller à faire passer les meilleures vacances aux Trappistes, et nous sommes encadrés par Mélanie, Alfa et Émilie tous les trois la trentaine ou la quarantaine sont les responsables et nos encadrants. Ils travaillent depuis longtemps à la mairie. Tous les trois sont très sympathiques. Eux portent des t‑shirts rouges. Les autres animateurs, dont moi, on en porte des bleus.

Aujourd’hui, mercredi, il y a eu un groupe de musique qui est venu. Il y avait de la batterie, des percussions et d’autre instruments dont je ne connais pas le nom. Ils sont venus mettre un peu d’ambiance. Avant leur arrivée c’était un peu trop calme à mon goût, on n’entendait pas trop la musique car elle était dans un coin. Les enfants ont kiffé, certains ont même dansé avec eux.

 

Les villages d’été sont de sorte d’alternatives à Trappes plage, qui accueillait beaucoup de monde les années précédentes. Sauf que là, il n’y a ni plage ni piscine mais tout un protocole de nettoyage à respecter. Après chaque créneau de 1h30, nous faisons sortir les gens afin de désinfecter les lieux pendant 15 mn environ et de prendre 15 mn de pose et ainsi nous sommes de nouveau prêts à accueillir. Le village ferme à 19h30, nous devons ranger, désinfecter et faire une réunion bilan puis ensuite rentrer à 20h30. Pendant cette réunion, on fait un bilan de la journée et on parle du planning. “Alors la journée d’aujourd’hui ? ” demande Mélanie. Nous répondons tous un “Ouais ça va”, soit par timidité, ce qui est mon cas, soit parce qu’on est pressés de rentrer chez nous. Sauf Sambou, la vingtaine, préposé pour la journée à l’espace Jeux vidéo et réalité virtuelle, bondé de jeunes toute la journée, qui a demandé “d’arrêter de lui envoyer toute la France”. Moi, j’avais bien des choses à dire concernant la structure gonflable qui était défectueuse mais j’ai préféré me taire pour ne m’as trop attiré l’attention pour un premier jour. Sans oublier que ce jour-là j’avais failli “tuer” ma chef.

Jeudi

C’est fou comment les enfants sont contents de voir que leur rouleau de papier toilette s’est transformé une jolie boîte où ils peuvent ranger des stylos sur le bureau

Le lendemain, on revient à 13h00 pour la mise en place avant d’accueillir le public à 14h. Je trouve qu’il y a plus de monde que la veille. Cependant, mes deux collèges Aminata et Myriam ne sont pas de cet avis. Aminata et Myriam ont toutes le deux vingt ans et ont déjà l’habitude de travailler avec les enfants dans des centres de loisirs. C’est très marrant de travailler avec elles, en plus elles sont hyper gentilles. Dès le premier jour on a accroché. Hier, pendant toute la journée, j’étais aux deux structures gonflables, une pour les tout petits et une autre pour les plus grands. Lors de la réunion bilan d’hier, Alfa et Mélanie m’ont dit que je devais faire aussi d’autres activités. Ainsi je pourrais mieux me former aux métiers d’animatrice. Du coup, aujourd’hui, vers 14h30, j’ai joué au Times’up et au Uno avec un groupe d’enfants. On est à l’extérieur juste à côté de l’espace Création, sur une table, sous un parasol. Une heure plus tard, je suis allé à l’espace Création. L’espace Création est le plus grand des espaces. Il se trouve sous un chapiteau et propose des activités avec de la récup. C’est fou comment les enfants sont contents de voir que leur rouleau de papier toilette s’est transformé une jolie boîte où ils peuvent ranger des stylos sur le bureau, ou bien personnaliser des sacs pour faire les courses. Ils sont contents de pouvoir rentrer avec leurs travaux.

 

Pour attirer les enfants, on leur propose une activité. Si ça leur plaît, ils font. Sinon, ils vont ailleurs, mais en général, ils adorent ce qu’on leur propose. J’ai proposé à un enfant une activité origami. Mais mon origami était trop moche. La création c’est pas du tout mon truc. Nous avons aussi fait deux affiches pour présenter les stages et les sorties prévues la semaine prochaine. Au début, on n’y arrivait pas trop. Finalement, le rendu était ” beau”, m’ont affirmé plusieurs collègues. Vers 16h, je suis allé faire une formation à la réalité virtuelle. J’ai dû porter un casque avec des manettes à la main. J’ai fait un combat de boxe. Pour le coup, on se croirait vraiment sur un ring. En vrai, ce n’était pas vraiment une formation, on a juste joué à la réalité virtuelle. Et enfin, j’ai fini ma journée par les structures gonflables avec Sambou, l’animateur qui s’en occupe aujourd’hui. Il est lui aussi très ouvert en plus d’être drôle.

vendredi

Le troisième jour, a été une très longue journée journée puisqu’on finit à 22h30. En effet tous les vendredis, après 20h, une soirée à thème est organisée, comme ça se faisait à « Trappes plage ». Aujourd’hui, c’est soirée jeux géants, de la taille d’un enfant de quatre ans : Puissance 4, mikado, des jeux de sociétés de taille normale…

Nous n’avons pas de planning, on s’autogère. C’est à nous de tourner sur les différents espaces et de reprendre la pause quand il le faut, sans abuser.

Aujourd’hui il y a eu plus de monde puisqu’il faisait beau. Je le sais puisque j’étais à l’accueil jusqu’à 22h. Je m’occupais de noter les présents, d’inscrire les gens aux sorties de la semaine prochaine, au parc d’attractions Babyland, à la base de loisirs de Saint-Quentin et/ou au paintball. À leur arrivée, après avoir noté leur nom, prénom et date de naissance, on leur donne des masques et on leur demande de se laver les mains. À première vue, je croyais que travailler à l’accueil était facile, mais en fait, c’est trop dur. Dés fois, on reçoit beaucoup de personnes en même temps. Il faut donc les noter sur l’ordi et sur une feuille, pour garder une trace écrite. Heureusement que j’aime les travaux administratifs. J’ai appris à utiliser un logiciel pour faire des tableaux statiques. Avec ça, on peut savoir combien de personnes on a eu et dans quelle tranche d’âge.

Comme j’ai passé ma journée à l’accueil, je ne sais pas vraiment ce qui se passe sur le site. À vrai dire, j’ai esquivé la structure gonflable qui était trop dure à gérer, car il faut gonfler le truc qui tourne toutes les deux minutes, littéralement, et c’est assommant à la longue. J’ai passé le relais aux autres animateurs pour qu’ils sachent comment j’ai galéré mercredi.

 

J’ai quand même pu voir passer deux femmes avec le visage peint en argenté, très hautes sur des échasses. Elles ont déambulé pendant toute l’après-midi en fixant les gens sans rien dire. Ça m’a fait peur quand elles m’ont fixée, mais je faisais semblant que ce n’était pas le cas. Je ne suis pas la seule, j’ai vu pleurer quelques petits.

Après leur départ, j’ai pris ma pause. Aujourd’hui, le sandwich est fourni parce qu’on restait travailler jusqu’à 22h. On a pris notre pause Émilie, Aminata et moi en même temps et j’ai souhaité un bonsoir à Émilie qui partait en séjour avec des jeunes Trappistes la semaine prochaine. Mais elle sera là la dernière semaine quand Mélanie partira en vacances. Pendant ce temps, les autres animateurs ont installé les jeux. Quand nous on a fini, on est allés jouer pendant que les autres prenaient leur pause.

Nous n’avons pas de planning, on s’autogère. C’est à nous de tourner sur les différents espaces et de reprendre la pause quand il le faut, sans abuser. La soirée jeux était comme un temps calme, il y avait 53 personnes, donc moins de personnes que pendant la journée. Les structures gonflables qui attiraient du monde étaient dégonflées et la musique était éteinte. C’était apaisant. À la fin, de la soirée jeux, comme d’habitude on a tout rangé et tout désinfecté. Mais, bonne nouvelle il n’y a pas eu de réunion bilan. Je suis rentrée chez moi à 22h10 au lieu des 22h30 prévues.

Samedi

Le village ouvre exceptionnellement pour remplacer la journée de mardi qui était fériée. Il a fait très beau aujourd’hui. A côté de l’espace Détente, on a donc installé deux bassins remplis d’eau et deux parasols, de la pêche à la ligne, des pistolets à eau. Les enfants ont bien aimé, et nous aussi, jusqu’au moment où je me suis pris un ballon rempli d’eau par Aminata. Pour me venger, j’ai demandé à deux enfants de 10 ans qui habitent dans mon bâtiment, Ibrahima et Sékou, de l’éclabousser avec leur pistolet à eau. J’entends encore Aminata dire : ” Allez arroser Kandia !! “. Je suis allée me cacher quelque part pour me sécher. Après avoir séché, vers 16h30, j’ai décidé d’aller à l’espace Création. On gère notre présence sur les différents espaces librement. J’ai passé le reste de ma journée là-bas. J’y ai fait des bracelets et des visières avec les enfants. Des enfants sont venus me voir en me demandant : “Tu peux me faire le début de mon scooby-doo”. Mais moi, j’ai oublié comment faire des scooby-doos. Du coup, c’est Aminata qui leur a fait.

j’entends Aminata qui m’appelle : “Kandia, viens, Daniel va nous payer un sandwich”.

Vers la fin de l’après-midi, je commençais à avoir faim, mais je n’avais pas d’argent sur moi pour m’acheter un sandwich à la buvette de l’association du foot salle. Sauf le vendredi, parce qu’on termine tard, ils ne nous fournissent pas à manger puisque nous travaillons entre les heures de repas. Dans un des vestiaires, il y a bien de quoi grignoter des gâteaux, du café, du thé, du jus d’orange.

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Vers 18h Alfa, l’un de nos responsables nous a ordonné : “Les filles, allez prendre votre pause”. Au même moment, j’entends Aminata qui m’appelle : “Kandia, viens, Daniel va nous payer un sandwich”. J’étais trop contente. Daniel, c’est un animateur qui travaille depuis longtemps avec la mairie et aussi un membre de l’association foot salle. À la toute fin de la journée, durant la réunion bilan de la journée, Mélanie dit “Comment les filles s’en sont sorties, aujourd’hui, aux activités manuelles ?”. Marie-Christine, Lolita et Pienda, entre la quarantaine et la cinquantaine, travaillent depuis longtemps dans les centres sociaux de Trappes : “Ouais, elles étaient pas mal”. Moi, je réponds : ” Je ne sais toujours pas faire de scooby-doo”. Alfa m’a rassuré : “C’est normal, ce n’est plus trop de votre génération. Là maintenant si je te demandais de me taper un texto en quelques secondes, tu l’aurais réussi ou pas ?”. Finalement, comme il n’y avait presque rien à dire, c’est sous le rire et la bonne humeur que l’on s’est souhaité un bon jour de repos, et non pas un bon week-end, puisque le samedi était déjà passé.

Franchement, j’avais déjà l’habitude des enfants, grâce à mes frères et sœurs, et à mon stage pratique du Bafa, que j’avais fait au centre Montaigne. Donc tout s’est bien passé. Ce qui m’a fait le plus bizarre cette semaine, c’était de travailler avec mes anciens animateurs. Maintenant je suis leur collègue. J’aime bien leur métier. Je pourrais grave en faire mon métier.

Kandia Dramé


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