Ces jeunes mariés qui ont choisi de s’installer à Trappes


Deux années après leur arrivée, un jeune couple revient sur les motivations qui l’ont poussé à emménager à Trappes.

 

« Nous sommes attachés à la question de la mixité sociale et ethnique », répondent immédiatement Damien et Nadia (les prénoms ont été modifiés) quand on leur demande pourquoi ils ont décidé de s’installer à Trappes. Installés depuis 2019 dans le quartier Léo Lagrange au sein d’une nouvelle résidence créée via un programme de modernisation urbaine, Nadia, 38 ans, et Damien, 35 ans, sont travailleurs sociaux. Educatrice spécialisée, Nadia est engagée au sein d’un Pôle Enfance Jeunesse sur le territoire des Yvelines. Quant à Damien, conseiller social en économie familiale, il intervient auprès des bénéficiaires d’une association de solidarité, dans le département de l’Essonne. Aujourd’hui, ils assurent ne pas regretter pas le choix d’avoir acquis leur appartement sur la ville.

Mariés depuis 2020, les tourtereaux se sont rencontrés en 2012 sur les bancs de l’Institut Régional du Travail Social à Tours. Inséparables depuis leur parcours de formation, ils ont démarré leur carrière professionnelle à Limoges pendant 8 ans. Néanmoins, « L’objectif c’était de revenir en région parisienne car, que ce soit moi ou ma femme, on a des attaches ici », explique Damien. Ses parents de son côté, des membres de la famille de Nadia dans l’Ouest parisien, du côté de sa femme. « On a aussi choisi Trappes par opportunité, précise Nadia, installée dans son salon, car on a aussi cherché un logement dans les villes avoisinantes. »

"C’est une ville qui pense à son prochain et c’est important"

En plus de la proximité de membres de sa famille, la jeune femme explique avoir fait son choix en prenant en compte avant tout la qualité de vie, loin « d’une une ville complètement urbanisée », la possibilité de se promener au calme et dans la verdure, comme en propose notamment la base de loisirs « bien reliée par les routes. Et c’est une ville qui est animée », explique-t-elle, alors que s’entendent au loin les cris des enfants jouant dans le parc avoisinant. Son mari, de son côté, apprécie les actions culturelles et sociales « pour toutes les catégories d’habitants, pour les séniors, pour les enfants. C’est une ville qui pense à son prochain et c’est important ».

Trappes, c’est aussi « des commerces qui nous intéressent, un marché qu’on fréquente » explique la jeune Trappiste. Damien, précise : « Moi je mange de la viande hallal, et je n’ai pas envie de mettre une heure pour aller dans un endroit où l’on trouve une boucherie. Si on était dans une ville où les commerces ne nous correspondaient pas, ce serait compliqué », concède-t-il.

Pour Nadia, originaire de Louhans-Cuiseaux, qui explique venir d’un milieu social différent de celui de son mari, la ville est à l’image de leur couple « On est liés par des valeurs, on a la même vision, attachés tous les deux à la justice sociale et au fait que chacun doit avoir sa place dans la société, regarder toutes les catégories de population et leur difficultés respectives. » Depuis leur mariage en 2020, la perspective d’y fonder une famille au sein de l’environnement trappiste se précise pour Nadia « où j’ai envie que mes enfants grandissent avec ces valeurs-là ».

"Quand on dit aux gens qu’on habite à Trappes, on nous renvoie des réflexions, des remarques, des étonnements"

Damien, qui a lui passé une grande partie de son enfance à Rambouillet, abonde et dit ne pas se voir vivre avec sa famille dans une ville qui ne serait « pas du tout mixte socialement », avant de déplorer qu’ « en France il y ait une sorte de partition, et une majorité de villes où il n’y a pas de mixité sociale. »

Nadia et Damien semblent désormais apaisés de se sentir « au bon endroit ». Reste l’incompréhension quand ils entendent les opinions critiques de certains membres de leur entourage, autour de l’islamisation ou encore de l’insécurité. « Quand on dit aux gens qu’on habite à Trappes, on nous renvoie des réflexions, des remarques, des étonnements : « Qu’est-ce que tu fais à Trappes ? Ça va ? C’est criminogène là-bas ? » regrette le jeune homme qui assure ne pas observer de difficultés particulières, et pour qui « il y a beaucoup de non-musulmans à Trappes ».

Pour Nadia, ces remarques, qu’elle juge « illégitimes », suscitent en elle avant tout la volonté de mieux connaître et s’impliquer au sein de son environnement proche « J’ai l’intention de me rapprocher de l’assemblée citoyenne de la ville pour mieux connaître mon quartier, mais surtout pour m’y engager ».

 

Yoann Tournier

Cet article a été produit en collaboration avec le Master 2 ” Sociologie Politiques sociales territorialisées et Développement social urbain ” de l’université de Saint‐Quentin‐en‐Yvelines.

 


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