Je m’appelle Katia, je suis née le 10 Février 1992 à Versailles. J’y ai vécu une enfance heureuse, jusqu’à mes 8 ans, entre école et jeux avec mes amis. Puis j’ai déménagé à Guyancourt. Ce n’est peut être pas loin de Versailles, mais la vie y est déjà tout autre : le passage de la vie dans une grande ville à la vie en banlieue peut causer un choc, plus ou moins grand, positif ou négatif selon chaque individu.
Le paysage y est déjà différent : adieu le sublime château de Versailles, les belles façades d’immeubles, les nombreux cafés et restaurants qui font de Versailles une ville si animée, si vivante, qui attire chaque année de nombreux touristes de tous horizons. J’ai à présent l’habitude des blocs HLM, aux couleurs ternies, blanc, bleu, gris, des aires de jeux pour enfants quasi vides, avec juste une table de ping-pong, un toboggan, des graviers et quelques enfants du voisinage qui viennent parfois y jouer sous le regard attentif de leurs parents, qui les surveillent de leur fenêtre.
Guyancourt reste tout de même une ville assez animée, mais de manière plus calme, malgré la présence moindre de commerces, obligeant la plupart du temps ses résidents à emprunter les transports en commun. La joie et la convivialité y règnent lors de manifestations annuelles telles que la fête de la musique ou le fameux feu d’artifice du 14 Juillet, que tout Guyancourtois ne raterait pour rien au monde. Elle reste par contre quasi vide l’été, au moment des départs en vacances.
J’aime ce mélange de calme et d’animation qui règne dans ma ville, mais également l’accès à la culture qu’elle offre, sous de nombreuses formes : médiathèque, salle de concert, salle d’exposition, école de musique, une culture différente de Versailles et son château.
Ainsi, un choc s’est donc opéré chez moi, à la fois de manière positive et négative. Ce choc est également perceptible chez ceux à qui je tente de parler de là où j’habite, encore aujourd’hui. Un dialogue type entre moi et un/une ami(e) (à la fac par exemple) à qui je parle de ma ville ressemblerait à peu près à cela :
- Tu habites où toi ?
- Guyancourt
- C’est où ça ? Connais pas.
- Près de Versailles
- Aaah d’accord, je vois, le château, tout ça… Et c’est comment Guyancourt ?
- Bah c’est une ville de banlieue, avec des blocs d’immeubles, des parkings, quelques commerces, une bibliothèque, un bus pour aller directement à Versailles…une ville calme quoi.
Je parviens donc à éveiller la curiosité de mon interlocuteur. Je lui parle de comment je m’y suis retrouvée, comment j’y vis, de la différence avec Versailles, de sa richesse qui est différente. Un lien se noue ainsi entre une Versaillaise devenue « banlieusarde », mot semblable à un label qui vous colle à la peau, et un parisien, ou une parisienne, qui parfois ne l’est pas tant que ça. Les étudiants et les profs de ma fac n’habitent en effet pas tous Paris, ils peuvent, par exemple, être de Seine Saint-Denis ou des Hauts-de-Seine. Ils acquièrent une culture que certains pourraient juger inaccessible, faite d’arts, de littérature. Ceci dit, c’est aussi cette culture que je tente d’acquérir. Ceux de mon entourage qui ne font pas d’études me regardent par exemple avec de grands yeux lorsque je leur dit que j’étudie la littérature et civilisation allemandes.
Les gens ont également beaucoup d’idées préconçues sur les banlieues et la vie qu’on peut y mener : ils s’imaginent souvent que vivre en banlieue, c’est connaître l’agitation, la petite délinquance, que les filles s’y font aborder par des individus peu recommandables passée une certaine heure, phénomènes que les médias se font une joie de mettre en avant. C’est en partie vrai, mais la vie dans les « quartiers » reste, pour ma part, paisible la plupart du temps.
Katia Nunes