Dimanche 13 décembre, je suis allée voter aux élections régionales. Le bureau de vote est derrière chez moi dans un préfabriqué qui sert de maison de quartier pour les jeunes. Après avoir mis mon bulletin dans l’urne de manière très citoyenne, la dame qui me fait signer me demande si je veux bien revenir plus tard pour effectuer le dépouillement. Deux secondes après, je me retrouve à donner mes coordonnées en promettant de venir compter les bulletins à 20h.
Premièrement, je ne savais pas que n’importe quel citoyen pouvait faire le dépouillement. Je croyais que seuls ceux qui tenaient le bureau de vote étaient habilités à compter les voix des électeurs. Etant de nature curieuse, j’ai sauté sur l’occasion de faire une nouvelle expérience pour vous la raconter ensuite. Et puis, le dimanche soir, il n’y a pas grand-chose à la télévision de toute façon.
De retour au bureau de vote je trouve la salle métamorphosée. Les tables sont rangées de manière à former des groupes de quatre personnes. Je remarque qu’il y a beaucoup de personnes âgées, quelques quadragénaires et un jeune. Je m’assoie à une table avec deux vieilles dames qui se racontent les derniers potins et un franco-malgache en survêtement. Je commence à lui parler pour savoir ce qu’il faut faire. Il m’apprend que c’est seulement la deuxième fois qu’il dépouille (lui non plus ne savait pas qu’on pouvait tous le faire) et que c’est très simple. Un autre homme à la table d’à côté m’interpelle en me disant de m’adresser aux tenantes du bureau de vote pour connaître la marche à suivre. On ne sait jamais si mon voisin racontait n’importe quoi. Je ne fais rien, j’ai confiance en mon nouveau camarade.
La présidente du bureau nous demande si quelqu’un veut encore voter, puis, annonce la clôture du bureau et ferme la porte de celle-ci. L’ambiance est sérieuse et scolaire. On dirait presque qu’on est dans une salle d’attente. On s’observe, on se sourit, on chuchote. Les enveloppes contenant les bulletins de vote sont comptées plusieurs fois. Leur nombre doit correspondre au nombre de signatures. Puis chaque table doit recompter le paquet qu’elle a reçu. Une fois que tout est bon, on commence à s’affairer.
Une des vieilles dames enlève le bulletin de l’enveloppe, le déplie et le tend à sa voisine. Celle-ci dit le nom de l’élu à voix haute. Mon camarade et moi sommes chargés de faire des petits bâtons en face des noms correspondants (lourde tâche que la nôtre). Quand il n’y a pas de bulletins, on coche « vote blanc ». Quand le bulletin est abîmé ou qu’il y en a deux dans l’enveloppe, on coche « vote nul ». Une dame surveille la table pour contrôler que tout se passe bien et nous aider. A chaque fois que le vote est nul, elle remplit un papier et fait signer deux personnes du bureau. Je ne sais pas trop pourquoi.
A chaque fois que j’entends le nom du représentant FN je tressaille. Je suis stupéfaite que des gens de ma ville votent extrême droite. Je me demande si certains sont parmi nous ce soir. Je me surprends à observer mes collègues pour voir leurs réactions. Sont-ils contents ou mécontents ? Est-ce que les vieilles dames en face votent FN ? Personne ne laisse rien transparaître. Impossible de déterminer le vote à l’œil. Vient le moment de compter mes bâtons. J’ai les mêmes chiffres que mon voisin, tout va bien. On est la deuxième table à finir le plus vite !
Quelques minutes après, les résultats sont annoncés. Beaucoup de gens ne sont pas venus voter. C’est dommage.
Le dépouillement aura pris 45 minutes en tout.