SQY dans la France du XXIème siècle : Peur de la réalité ou délire imaginaire ?

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Ma sacoche noire sur l’épaule gauche, je suis prêt à partir faire un tour. Chapeau ou pas chapeau ? Il fait un peu chaud mais le soleil ne tape pas si fort. C’est les vacances ! Mais ça fait quatre mois que je suis au chômage alors du j’ai du mal à me sentir en congés. Et puis l’ambiance actuelle n’est pas très favorable… Allez ! Je ne prends pas mon chapeau.

Dans ma rue c’est calme, comme d’habitude. Pourtant il y a le vélodrome national. Il ne s’y passe pas grand-chose, pas de quoi attirer un terroriste ! Pourtant, les jours d’événement le périmètre est fermé par des barrières de métal et l’accès est contrôlé par des agents de sécurité. Pour peu que la porte de la digue soit fermée, l’accès de ce côté de la base de loisirs est quasiment impossible.

Tiens voilà l’avenue du Pas du Lac ! Belle vue d’horizon sur Saint-Quentin en Yvelines : à gauche la gare, à droite Trappes et Élancourt et en face le centre-ville. C’est vers la gauche que je me dirige, il faut que je recharge ma carte Navigo.

C’est une gare très bien gardée, des militaires, arme à la main, font des rondes tous les jours. Ça fait un moment que je ne les ai pas vus. La dernière fois, c’était après les attentats du 13 novembre. Sacré période ! J’étais en formation Greta (réseau de formation continue pour adulte) à Saint-Cyr, pour vendre des produits Bio, et un des stagiaires a fait l’objet de nos peurs. Trois mois à se triturer l’esprit de questions et d’angoisses avant qu’on nous avoue à demi-mot que nous avions affaire à un jeune radicalisé potentiel candidat au Djihad. Suivi par les renseignements généraux, il avait été interdit de sortie le soir des attentats alors qu’il devait assister au match qui se déroulait au Stade de France. Bref, à la gare de SQY c’est différent. Si les militaires sont autant mobilisés c’est que le lendemain de l’attaque de Charlie Hebdo, deux hommes se sont barricadés dans un bureau de la gare menaçant de tout faire sauter. Heureusement, aucun dégât n’eut lieu et je suis justement passé à ce moment par là, sans comprendre ce qu’il se passait. C’est une voisine qui m’a expliqué tout ça au début de cet été. S’en sont suivis deux-trois trains arrêtés pour des bagages abandonnés pendant l’année 2015.

Les attentats ont un effet bizarre à Saint-Quentin comme ailleurs. Ça crée un besoin de sécurité plus important, plus intense. Sorti de la gare, je suis allé faire une course à l’hypermarché et en entrant dans le centre commercial je me suis fait fouiller par des vigiles. Ça fait pourtant quelques mois qu’ils avaient arrêté. Mais la barbarie est revenue à Nice et à Saint-Etienne du Rouvray annulant la promesse du président de la République de mettre fin à l’ état d’urgence. L’état d’urgence bien sûr ! C’est ça qui fait qu’on est d’avantage surveillés…pour notre sécurité faut-il croire. Mais à quoi rime tout cela ? Une réalité ou un délire imaginaire ?

D’un côté il y a ce que je ressens vraiment : je m’inquiète pour ma famille qui vit à Paris, je m’angoisse pendant ma formation au Greta, je passe près d’une menace sans le savoir et je ne fais pas un drame quand mon train s’arrête sous prétexte qu’un bagage a été oublié, même si je m’interroge quand la police ferroviaire bloque une partie d’un wagon avec des passagers dedans et que le train continue sa course comme si rien n’était. De l’autre, les annonces des journaux sur internet et des flashs spéciaux des chaînes de télévision me font naître des peurs et l’état d’urgence me fait douter de la sécurité de mon pays. Pourtant, lors des attentats tout va bien dans ma ville, calme. Rien ne fait présager un danger.

À la rentrée, je vais reprendre mes activités personnelles mais aussi professionnelles. Ça m’occupera l’esprit. Comme chaque année, je me dis que j’irais bien faire un tour à la brocante… Ah ben non ! La mairie l’a annulée à cause de l’état d’urgence…

Tristan Péribois

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Infos de l'auteur

Dionysien de naissance mais Guyancourtois de cœur, j'ai grandi entre Guyancourt, Montigny et Voisins. Passionné de lecture, d'écriture et de politique, j'ai crée un blog "Elections Guyancourtoises" et participé à la rédaction du journal local "Le Complément". Le Trappy Blog est une nouvelle étape dans mon engagement.