Bientôt les vacances. C’est tous les ans la même plage depuis mon adolescence, Nazaré, dans le Nord du Portugal, à quelques km de Lisbonne. On loue un petit appart tranquille, jamais le même, mais pas loin de la même plage. On s’y sent comme chez nous. C’est une bulle d’air qui change de la ville et des tracas quotidiens. Oui mais voilà, c’est bientôt, pas encore tout de suite. Voilà ma « routine » en tant qu’habitante de quartier populaire lorsque le départ en vacances approche à grand pas et que le quartier est vide.
8H-8H30 : A moitié éveillée, je paresse dans mon lit en rêvant déjà de plage, de soleil et du bruit des vagues. C’est dur de se lever quand on vit dans une petite ville de banlieue quasi vide l’été, où la piscine et la médiathèque sont les seuls lieux de loisirs à proximité. Même eux voient leur fréquentation chuter durant la période estivale. En somme, je ne sais déjà trop quoi faire.
8H30-10H00 : Un bon petit-déjeuner s’impose, de préférence devant la TV car, à l’évidence, l’été est la meilleure période de l’année pour se forger une culture générale (au rabais) entre séries et autres feuilletons et, surtout, passer le temps en s’évadant à l’aide d’images de banlieues (chics) américaines, de vies fictives de personnages riches, de préférence, et tous beaux. Petit déjeuner devant gros clichés.
10H00-12H00 : Après une bonne douche, c’est l’heure de checker ce qui se passe sur les réseaux sociaux et ce qui fait l’actualité. Pour lutter contre les nouvelles alarmantes du dernier attentat en date, c’est aussi l’occasion de s’aérer l’esprit par un petit voyage (virtuel) à travers les photos de plages et autres piscines qu’auront posté la plupart de mes contacts (amis réels ou virtuels) déjà partis. De quoi faire grandir mon impatience de me sauver à mon tour de cette jungle de béton.
12H00-13H00 : Second repas de la journée devant le JT. Attentat, clichés, foot. Ca se termine par un café, avec la légère impression de me comporter comme une retraitée qui suit d’un peut trop près les propos de Jean-Pierre Pernaut.
13H00-15H00 : Comme si j’étais déjà dans le Sud, je peux faire une petite sieste. Sinon j’opte pour un marathon séries ou Youtube, avec une préférence pour les Youtubeurs qui abordent avec humour les tracas du quotidien ou bien ceux qui peuvent, par leurs vidéos, nous apprendre tout un tas d’informations, parfois insolites. Youtube est presque mieux que la TV car, contrairement à cette dernière, il présente des vidéos allant, pour la plupart d’entre elles, de 5 à 20 minutes. J’ai le choix.
15H00-17H00 : La piscine et la médiathèque sont quasi vides durant l’été. Le reste est fermé. De quoi déprimer. Toute la ville semble tourner au ralenti avec un énorme partie des commerçants partis en congé. Si je veux boire un verre en terrasse, je suis obligée de me rendre à Versaille, ou Paris, qui, elles, ne désemplissent pas. Si je veux vraiment rester chez moi, un bon livre que je dévore allongée sur la canapé ou sur mon lit peut faire l’affaire.
17H00-18H00 : Voyons ce qui s’est passé sur les réseaux sociaux (sûrement pas grand chose depuis ce matin).
18H00-19H30 : Deux options s’offrent à moi : un autre bouquin ou une autre série pour changer d’univers.
19H30-20H00 : Repas du soir devant un autre JT, généralement plus déprimant que celui de 13H00. Il me vient comme une envie de lancer un bon film sur la TV en replay ou bien de regarder la rediffusion d’une émission de télé-réalité, juste pour rire.
20H00-23H00 : Après une dernière session de lecture, j’aime les soirées au calme avec mes chansons préférées dans les oreilles. Un dernier check-up des réseaux sociaux puis au lit, plus impatiente que jamais de pouvoir observer de nouveaux paysages et voir de nouvelles têtes dans une contrée nouvelle.
Bilan : Les journées d’été ne peuvent être que monotones, peut-être même un peu tristes, pour un(e) jeune de banlieue lorsque les livres et surtout les écrans sont leurs principales sources de distraction. Pour ceux ayant eu la chance de décrocher un job d’été, ce sera un peu la même rengaine que durant le reste de l’année : métro, boulot, dodo, le soleil en plus. En attendant, où à défaut de pouvoir physiquement voyager, on se contente de le faire virtuellement. Le but est de s’évader pendant une période donnée de notre banlieue pour ensuite être content de retrouver, ou du moins nous aider à mieux supporter la monotonie de notre train train quotidien.
Katia Nunes