Voici le premier d’une série de portraits de Trappes par ses habitants. Ces portraits suivent le principe du portrait chinois, et par leur vécus, leurs souvenirs, les habitants nous livrent différents points de vue sur la ville. Parfois surprenants, joyeux, attristants, amusants, mais souvent touchants, ces points de vue nous montrent une réalité toute en nuances de gris ; et non celle noire ou blanche que l’on s’imagine souvent.
« Si Trappes était un plat ou une boisson ?
Je dirais du bissap, parce que c’est la boisson que j’aime trop trop trop. Quand j’en bois le plus c’est quand je suis à la Fête de Trappes, souvent le dimanche quand il fait chaud et tout. Trop bien. (rires) Et j’ai découvert ça ici.
Si je devais dire un plat… Tout ce qui est genre quand c’est le ramadan et que mes potes me font à manger… J’aime trop, quels que soient les plats qu’ils me font à manger, moi c’est bon, je le mange ! Donc voilà. Soit un des repas du ramadan, soit du bissap.
Pourquoi sont-ils caractéristiques ?
Parce que j’ai beaucoup de potes qui font le ramadan. Vu qu’avant j’habitais à Maurice Ravel, j’ai toujours eu l’habitude des voisins qui t’apportent du couscous, toi qui fais des crêpes, le partage, l’échange… Moi, je me souviens de soirées pendant l’été où je faisais à manger pour mes potes et on se retrouvait tous là, à 22h-22h30. Mes potes rompaient le jeûne avec les dattes et le lait, pour le faire de manière traditionnelle. Puis après, tu manges, tu partages, tu rigoles, tu profites. Je sais pas, souvent pour moi le ramadan c’est l’été, et tu manges des trucs trop bons, donc du coup tu peux pas dire non. Disons que c’est des trucs que tu n’as pas forcément l’habitude ou l’occasion de découvrir le reste de l’année. C’est particulier.
Et le bissap, c’est pareil, tu ne le bois qu’à la Fête de Trappes ?
Non je ne le bois pas qu’à la Fête de Trappes. Aussi quand j’ai envie chez moi. J’ai des fleurs d’hibiscus. Mais c’est meilleur à la Fête de Trappes parce que c’est pas moi qui le fais, et parce que j’aime bien aller dans les stands et tout. Pour moi, le samedi, c’est la tradition, j’en prends une bouteille et je fais ma soirée avec. J’en fais boire à tous mes potes, après ils sont tous là « Oh c’est trop bon ! C’est trop bon ! » ; et puis t’as l’air bête avec ta moustache rose éosine au-dessus de la bouche (rires). Ça annonce l’été en fait, du coup ça veut dire que c’est bientôt les vacances… Enfin en théorie, pas pour tout le monde…
Si Trappes était une odeur ?
Le marché de Trappes, les odeurs de nourriture, d’épices, oui, ces mélanges, la richesse… En plus c’est toujours trop drôle, t’as l’impression que tu fais le tour du monde quand tu fais le marché de Trappes. Entre les odeurs du Maghreb, d’Afrique, tu vois des saris, des boubous, y a des couleurs dans tous les sens, ça parle toutes les langues… Et toi t’es là avec tes grands yeux comme des yeux de gosses, en mode « Oh trop beau ! ». Non, et puis même, la nourriture… Voilà, le marché de Trappes ! (rires)
Si Trappes était un son ou une musique ?
Je dirais les voitures qui passent, parce qu’il y a la nationale qui coupe la ville en deux. Ou les trains, parce qu’il y a la gare aussi. D’un côté, les trains, c’est l’ouverture vers Paris et vers autre chose. De l’autre, la Nationale, c’est une démarcation entre deux côtés de la ville. Ça accentue l’impression de démarcation entre le centre-ville et les quartiers, et l’impression d’une différence de population. Y a moins de mixité au Village par exemple, qu’à Maurice Ravel ou à Cocteau. Et j’habite pas loin de la Nationale donc j’entends souvent les voitures qui passent. C’est pas forcément une première image, mais c’est le son qui la définit le mieux pour moi.
Si tu ne vivais pas dans cette ville ou aimerais-tu habiter ?
Bonne question ! Peut-être pas en France. En fait, juste un endroit où je pourrais faire mon boulot d’infirmière, ou pas forcément le même… Après, s’ils parlent français, c’est un plus. Un endroit où on sent une envie de découvrir autre chose, toute la richesse qu’il y a à Trappes quand tu grandis. Que ce soit un mélange, une ouverture d’esprit, une envie d’ailleurs. Disons vivre un peu partout. Ou rester dans la maison de mes parents ici, c’est bien aussi. Mais peut-être pas tout le temps. En fait, je ne me vois pas vivre à un endroit en particulier, mais ailleurs, je pense. Mais je sais pas où. (rires) Et puis je vois des amis qui ont quittés la ville, ils reviennent toujours à un moment ou à un autre. C’est la ville de ton enfance, de ton adolescence, de ta vie de jeune femme, jeune homme, disons le début de ta vie d’adulte, donc c’est pas rien. »