Une plume du square Léo Lagrange

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C’était une belle matinée de Novembre quand j’ai ouvert ma boite aux lettres. J’avais hâte de l’ouvrir puisque j’attendais avec impatience mon attestation de réussite pour pouvoir m’inscrire à une autre filière. Une fois ouverte, il y avait une toute petite lettre tamponnée « Service logement »… En effet, c’était une proposition de logement au square Léo Lagrange. Très déçue, je l’ai montrée à mon mari en lui disant : « Oui, je voudrais bien déménager, mais il sera hors de question que j’habite dans ce square … ». Une semaine après, nous avons eu un rendez-vous pour visiter l’appartement. C’était un logement spacieux, lumineux et proche de toute commodité. Mais malgré cela, j’étais très hésitante surtout quand j’ai entendu une femme dire : « oh, mon Dieu ! Lagrange, s’ils me donnent gratuitement là-bas je ne prendrai jamais »…Cependant, effet du hasard ou du destin, me voilà locataire au square Léo Lagrange.

Petit aperçu historique

Tout d’abord, je trouve qu’il est bien intéressant de savoir qui est ce fameux Léo Lagrange dont mon square porte le nom. Pour le présenter, je me permets de me servir de quelques lignes appartenant au numéro 96 du magazine Aujourd’hui à Trappes, présentant la biographie de cette personne :

Léo Lagrange (1900−1940) est un socialiste français qui a rejoint la SFIO après la scission du Congrès de Tours en 1920. Il devient rédacteur au Populaire, l’organe de presse de la SFIO. Élu député en 1932 lors du second Cartel des gauches, Il est ensuite nommée sous-secrétaire d’État aux sports et à l’organisation des loisirs sous le gouvernement Blum durant le Front populaire. 

Léo Lagrange défend généreusement la masse populaire en lui consacrant un très grand intérêt. À noter que le secrétaire d’État aux sports et à l’organisation des loisirs déclare en 1936 que son « but simple et humain, est de permettre aux masses de la jeunesse française de trouver dans la pratique des sports, la joie et la santé et de construire une organisation des loisirs telle que les travailleurs puissent trouver une détente et une récompense à leur dur labeur ». En effet, la pratique du sport et des loisirs représente un moment de relâchement pour les ouvriers en général et pour les jeunes en particulier.

En ce qui concerne le square lui-même, sa construction fut commencée en 1964. M.Forcioli, architecte, met en œuvre un plan de 518 logements dont la mise en location fut effective en 1967.

Le square Léo Lagrange à la version de 2015

Aussi, dans mon quartier, il y a une bande de jeunes que l’inégalité des chances et que certains préjugés affligent… “Je crois qu’il me font jamais de retour car en haut de la page de mon cv, j’ai bien noté mon adresse” me disait un jeune du square. Très touchée par ses mots, je me suis interrogée sur les structures et sur les bases qui peuvent accueillir et aider ces jeunes déprimés … malheureusement, des déprimés, j’en ai beaucoup trouvé et de tout âge. Mais encore, est-ce que c’est la faute des jeunes si ils préfèrent ne pas se casser la tête et assumer une vie de fainéants ? Est-ce que c’est un défaut d’orientation, d’environnement ou d’éducation ? Ou bien est-ce que ces enseignes font leur rôle avec une certaine indifférence voire une négligence des soucis contemporains dont les jeunes souffrent?…Une panoplie de questions me vient et revient sans cesse mais sans aucune possibilité de réponses éventuelles. Tout cela me rappelle une annonce sur un réseau social d’une famille qui cherche une location ou une sous location dans la ville de Trappes, mais en exigeant des préférences un peu discriminatoires. Elle note en P.S : « je vous prie de ne pas me proposer un logement dans le quartier Léo Lagrange puisque j’ai des enfants et j’ai une phobie de mauvaises fréquentations ». En lisant l’annonce juste un petit moment avant sa suppression par l’admin du groupe suite à de nombreuses signalisations, j’ai compris comment les mauvaises rumeurs sur n’importe quel quartier peuvent vite trouver une grande réception. D’ailleurs, moi aussi j’étais bien prise par ce courant…

Certaines personnes vont dire que je défends mon quartier (ce qui est tout à fait légitime, mais je dirais plutôt que je porte juste un témoignage qui fait partie de ma vie et un juste témoignage de mon enchantement dans ce square. D’ailleurs c’est la moindre des choses…

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Infos de l'auteur

Fascinée par les belles lettres, égarée dans les rimes et amoureuse de Trappes, j'adore l'écriture en générale et la poésie en particulier. Master II littérature générale et comparée. Prix de poésie pour la francophonie en 2010 et prix Halaly de poésie en 2015.