« Vous avez une ville qui est gouvernée, je dis bien gouvernée (vous apprécierez la figure de rhétorique), je pèse mes mots […] elle est gouvernée par des islamistes, par des djihadistes, par des frères musulmans, par des salafistes (vous apprécierez l’amalgame entre djihadistes et salafistes). Aujourd’hui ils ont pris le pouvoir, et ils gèrent tout (vous apprécierez l’hyperbole), les écoles, la santé, les centres sociaux (énumération) etc… Et la République est en train de disparaître, mais véritablement disparaître (répétition). Ca va être aussi le cas un jour à Mantes-la-Jolie (ouverture). […] C’est terrible ce qui se passe, c’est terrible, et encore je pèse mes mots (qui en doutait ?) »
Qu’est-ce donc que cette tirade ? Une sortie de Matamore ? La scène d’un Tartuffe revisité ? Non c’est l’essence de la pensée actuelle de Monsieur Marsaud, député (des Français de l’étranger) de la République, et ancien magistrat (eh oui…), invité sur le plateau de LCI, la chaîne d’ « info » de TF1.
« Gouvernée, je dis bien gouvernée, je pèse mes mots […] elle est gouvernée par des islamistes, par des djihadistes, par des frères musulmans, par des salafistes ». Le problème avec Monsieur Marsaud, quand il pèse ses mots, c’est qu’il dit n’importe quoi. Les djihadistes ont fait des résultats très faibles aux dernières élections municipales, cantonales, départementales, régionales, et présidentielles. Ils ne sont même pas passés au second tour. Du coup, à Trappes-en-Yvelines, en France, conformément aux résultats du dernier scrutin municipal, c’est toujours un maire, assisté d’un conseil municipal composé d’élus de la majorité et de l’opposition, qui prend les décisions qui relèvent de son ressort. Et conformément aux lois de décentralisation le département des Yvelines et la région Ile de France sont compétents dans les domaines qui sont les leurs. Et l’Etat central (éducation nationale, police nationale etc…) n’est pas non plus incarné par des djihadistes sanguinaires, mais par des fonctionnaires appointés par l’Etat qui font leur boulot à Trappes, comme ailleurs.
Mais si vous pensiez qu’en pesant ses mots, et en répétant à plusieurs reprises que Trappes est « gouvernée », il parlait du gouvernement (relevant donc de la sphère politique), c’est que vous avez mal compris. Mais c’est compréhensible, vous n’êtes pas député(e). Non, c’est une autre forme de « gouvernement » dont il s’agit, à Trappes. Le gouvernement « social ». « Aujourd’hui ils ont pris le pouvoir, et ils gèrent tout, les écoles, la santé, les centres sociaux etc… » Là, comment dire ? La plume nous en tombe. Tellement absurde. « ils gèrent tout, les écoles.. ». Les écoles, gérées par des djihadistes, les frères musulmans, les salafistes.. Toute notre solidarité va aux enseignant(e)s de Trappes qui lisent ce papier. « La santé »… A la clinique de l’Ouest Parisien, où nous sommes tous allé(e)s consulter, ou certain(e)s d’entre nous sont né(e)s ? Chez les médecins, les pharmaciens de la rue Jean Jaurès, de la Boissière, de la Gare, de la Plaine de Neauphle, de Paul Langevin ? Comment dire ? C’est tellement… « les centres sociaux »… Celui des Merisiers ? Le centre social Annette Moreaux ? Celui de Luxereau où le Trappy Blog se réunit ? Le gardien, dont le clébard gueule quand on vient sonner à sa porte pour qu’il nous ouvre la salle, il est djihadiste ? Pourtant il ressemblerait à Monsieur Marsaud si vous lui retiriez 40 kg. Et il est super sympa. Si lui est djihadiste, c’est vraiment que la télé nous a menti.
Monsieur Marsaud pensait sans doute qu’il était grand temps d’une telle sortie. Sur ce coup-là c’est tombé sur Trappes. C’est pas de bol. Pour Trappes, et pour Marsaud. Monsieur Marsaud pensait sans doute aussi, comme tant d’autres, qu’il serait facile de faire l’original à bon compte. Suffit de voir comment font les copains. Ils passent à la télé. Du coup, il mime, le Marsaud. Le moment est propice car dans ces circonstances, pour exister, pas besoin d’être bien fufute, il suffit de dire quelque chose d’exécrable.
Que les choses soit claires. Selon nous, que Monsieur Marsaud appartienne au parti « les Républicains » ne change rien. Vu le climat actuel, ces réflexions subtiles auraient pu provenir d’un cerveau biberonné au socialisme parisien, à l’extrême gauche parisienne, ou bien encore à l’extrême droite de Saint-Cloud.
Monsieur Marsaud, face aux terribles épreuves que nous traversons, si la République est en train de disparaître, ce n’est pas parce que certaines villes seraient « gouvernées » par des djihadistes, c’est parce qu’Elle est en partie gouvernée par des populistes comme vous, des incompétents qui ne savent pas de quoi ils parlent, des imposteurs qui désinforment leurs citoyens avec la complicité polie d’un trop grand nombre de journalistes. C’est aussi qu’Elle n’est pas suffisamment gouvernée, en partie, par des personnes issues de ces territoires, qui les connaissent, et qui seraient bien plus susceptibles, nous pesons nos mots, de ne pas salir la République, son Histoire, et l’activité acharnée de toutes celles et ceux, fonctionnaires et élus, qui tous les jours, au nom de l’Etat, sur le terrain, contre vents et marées, la font vivre.