La librairie le Mille-Feuilles de Trappes a fermé ses portes au mois de juillet dernier en raison d’une baisse de ses subventions de fonctionnement. Cette activité associative avait pour fonction de proposer des livres d’occasion à très bas prix, ainsi que de jouer un rôle culturel dans la ville. J’étais une des personnes en charge de jouer ce rôle.
Un rôle culturel et social dans la ville
Au sein de la librairie, j’étais également chargé des animations. Un de nos objectifs était de faciliter la rencontre de la population Trappiste avec une certaine culture. Pour ce faire, avec l’aide de mes collègues, j’ai créé de toutes pièces des jeux de pistes et ateliers pour un groupe de femmes Trappistes apprenant le français, mais aussi pour des groupes d’enfants venus des centres de loisirs de Trappes. Il s’agissait par exemple de créer des fiches d’énigmes, des jeux autour des saisons. J’ai aussi aidé à la mise en place des après-midi « Lire et faire lire », portés par l’association du même nom, ainsi que de « contes africains » présentée par la conteuse de Trappes, Monico. J’organisais aussi des séances de dédicaces d’auteurs. Marie-Pierre Ianiro (une amie) et Yann Perez sont venu présenter leurs oeuvres. Avec des écoliers Trappistes, on a même participé à l’insurrection poétique d’Yves Gaudin, un poète rhapsode. Nous avons clamé des poèmes autour du bâtiment de La Merise. De quoi faire découvrir de nouveaux mondes à une partie du jeune public de Trappes.
Notre mission était par ailleurs de faciliter l’acquisition de livres. C’est dans ce cadre que j’ai également coordonné une grande opération de distribution de livres, à la rentrée 2015, dans les centres de loisirs de Trappes, de la Verrière et d’Elancourt. Une maison d’édition nous avait contactés car elle avait un stock considérable de livres qu’elle souhaitait donner : près de 2000 livres ont ainsi été distribués par nos soins.
Au-delà de ces événements un peu exceptionnels, nous allions souvent chez des professionnels, mais aussi chez des particuliers, pour récupérer les livres qu’ils voulaient bien nous donner. Il fallait parfois y aller avec des pincettes car certains donateurs nous remettaient la bibliothèque de leurs proches défunts.
D’autres histoires, plus anecdotiques, m’ont confirmé le rôle social d’une telle librairie. Un jour, un monsieur poussa timidement la porte et me demanda l’autorisation d’entrer. Surpris de cette demande, je l’autorisais sans l’interroger. Il me remercia plus tard en m’expliquant que, ne sachant pas lire, il pensait que la librairie était un lieu où il n’était pas désirable.
Des faits divers à la rubrique culture
C’est sans doute ce caractère original de la librairie qui nous valut une bonne surprise. Le matin du 9 avril 2015, nous recevons une journaliste et un cameraman de France 5. Ils viennent réaliser un reportage pour La Grande Librairie France 5. Leur but et de faire découvrir à leurs téléspectateurs notre librairie. Une librairie qui se veut être un véritable lieu d’échange culturel et humain. Un lieu où se côtoient des gens de toute catégorie sociale, intellectuelle et religieuse. A cette occasion, Émilie a été interviewée pour la rubrique « Le choix du libraire ». La pauvre a eu beaucoup de mal à tourner sa scène tant elle bafouillait. Quand je suis parti le dernier, à 18h00, elle tournait encore ! Le soir du 16 avril, j’ai regardé l’émission avec mon père. Fier d’avoir été présent quand Trappes est passé des faits divers à la rubrique culture dans un grand média national.
Tristan Péribois
Le reportage de La Grande Librairie de France 5 : http://www.france5.fr/emissions/la-grande-librairie/videos/le_choix_des_libraires_du_16042015_16-04 – 2015_880662?onglet=extraits&page=15