Une marche blanche à Trappes pour « demander la paix »

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La dernière semaine de mai 2017 a été marquée par des affrontements entre les jeunes du quartier de Léo Lagrange et d’Albert Camus à Trappes.

Samedi 17 juin, 15 heures, devant le collège Courbet, à Trappes, le thermomètre affiche plus de 30° ; pourtant, une vingtaine de personnes se sont déplacées à l’appel du collectif des Mamans de Trappes « pour dire stop à la violence entre nos quartiers ». La marche initiée par Madame Souma fait suite aux violences qui ont troublé la ville. La nuit du dimanche 29 mai, des coups de feu au niveau du square Albert Camus ont été entendus et 5 jeunes ont été blessés, dont un grièvement.

Dans une ambiance plutôt amicale, les mamans se font la bise et discutent, certaines s’étonnent du nombre modeste de personnes présentes. Assis à l’ombre, un homme souriant de 42 ans, habitant à la Closerie du parc, nouveau quartier issu de la politique de renouvellement urbaine, pense qu’il y a peu de gens en raison du ramadan et du besoin des gens de se reposer. Il tient à saluer les personnes présentes : « Ils sont investis et ont du courage. C’est d’autant mieux que ça vienne des mamans, car ce sont elles les plus touchées ». Et il s’indigne qu’aucun dialogue ne soit possible avec les jeunes impliqués dans cette rivalité de quartier : « iIs n’ont aucun respect, il n’y a pas de discussion possible avec eux et c’est regrettable, car on risque de perdre encore des gamins pour des conneries.»

Plus loin, deux habitantes du quartier de Camus discutent. L’une d’elles témoigne de sa peur pour ses enfants, suite aux violences qui ont vu l’agression d’un jeune du square Camus à la sortie de la mosquée, quelques jours avant : « J’ai des enfants et je m’inquiète. Mon fils qui se dirigeait vers la mosquée pour la prière de tarawih a dû se cacher dans les pavillons. Ils étaient dans une voiture et cherchaient n’importe qui, pourvu qu’il soit de Camus. Ils veulent nous priver d’aller à la mosquée. » Cette maman ajoute qu’elle a quitté le 92 à cause de ses violences. Pourtant, lorsqu’elle est arrivée à Trappes, le climat ne l’a pas du tout rassurée : « Dès mon arrivée, il y a les émeutes, la mort du jeune Moussa et maintenant ça.» En mai 2015, Moussa 14 ans, avait été tué par balles lors d’affrontements au square Albert Camus. Une marche blanche ayant rassemblé plus de 2000 personnes avait été organisée pour demander la fin des violences. Pour la mère de famille, « les autorités font leur travail, cette marche s’adresse aux jeunes : Arrêtez de faire souffrir vos parents ». Enfin, un peu plus loin, une habitante du quartier Yves Farges, très chaleureuse, déclare demander « la paix pour les mamans. Ces jeunes sont incontrôlables, alors nous leur demandons la paix ».

Malgré l’assez faible mobilisation, et après un bref discours du maire Guy Malandain, les habitants décident que la marche aura bien lieu même si beaucoup de Trappistes manquent à l’appel. Le maire déploie la banderole apportée et la tend aux mamans qui s’empressent de former un cortège, suivi de pères, d’hommes et de femmes, d’enfants et d’une partie de l’équipe municipale.

Le cortège traverse le quartier Camus puis, avant de sortir du quartier, une maman propose d’observer une minute de silence en la mémoire du « petit Moussa ». Les marcheurs invitent ensuite les personnes regardant par la fenêtre à rejoindre le cortège et progressivement les « plus jamais ça ! », « on veut la paix », « les mamans et les papas veulent la paix ! », « il n’y a pas de frontières à Trappes », « tout le monde descend ! » commencent à se faire entendre tout au long du parcours. Au milieu de la foule deux petites filles devancent leurs mamans. Pour elles, « cette marche c’est pour qu’ils arrêtent leurs histoires entre les quartiers ».

Le cortège passe par la mosquée puis traverse le quartier de Léo Lagrange où une femme, des enfants, et même des jeunes attirés par des mamans, rejoignent la marche. Celle-ci se termine alors sur la place du marché où Madame Souma improvise un discours émouvant évoquant paix et fraternité pour tous. En espérant qu’elle commence entre les quartiers Léo Lagrange et Albert Camus.

Dikra Saadi

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Infos de l'auteur

J'ai 18 ans, en première année de licence de droit à l'université de Saint-Quentin. Citoyenne révoltée , pour moi Trappy blog est non seulement un moyen de partager mes expériences et de m'ouvrir à de nouvelles choses, mais aussi l'opportunité de montrer que Trappes ne se résume pas à l'image négative que certains médias véhiculent.