L’exposition Trappes Épopées : les histoires des habitants investissent l’École de Musique et de Danse

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A l’École de musique et de danse de Trappes s’est tenue le 18 mai l’inauguration de l’exposition Trappes Épopées. Les participants ont pu voir quelles œuvres avaient été créées par l’artiste Thierry Payet autour des histoires racontées par les habitants, les élèves de l’école Thorez et leurs parents.

Adultes et enfants ont bravé la pluie torrentielle de ce jeudi soir pour se rendre à l’école de musique et de danse de Trappes. Thierry Payet y présente la seconde phase de son travail avec l’inauguration de l’exposition Trappes Épopées, en compagnie des élèves de l’école Thorez à Trappes. Leurs parents sont présents, le maire, Guy Malandain, l’élu à la culture, Philippe Guéroult et quelques habitants sont aussi venus au rendez-vous. Bon nombre ont confié leurs témoignages à l’artiste, qui ce soir offre un moment de restitution, une manière d’obtenir un retour sur son travail et sa résidence, commencée en 2015 à Trappes.

Les enfants comme moteurs

« Eh Thierry ! » crie un enfant, suivi de cinq autres qui courent dans le hall de l’école. « Calme-toi ! » lui dit sa mère en l’attrapant par le bras, avant que son fils ne lui prenne la main. « Maman, viens, je vais te montrer où je suis ! » Sur les murs de l’école de musique et de danse sont affichées les paroles des enfants sur des rubans rouges. Elles servent de guides de parcours à l’exposition, qui a investi l’ensemble de l’école de musique et de danse. Les parents, la plupart adossés au mur ou assis sur des chaises, sont souvent entraînés par leurs enfants. Ils suivent Thierry Payet, en formant autour de lui un essaim de rires et de murmures excités, dans le dédale de couloirs et de portes du bâtiment.

L’artiste, après avoir recueilli des paroles d’adultes, s’est tourné vers celles des enfants, en intervenant à l’école Thorez. Une des élèves nous explique ; « Il est venu en classe et il nous a demandé d’écrire sur un papier quel lieu était important pour nous. Moi, j’ai écrit un texte court, car je voulais pas écrire trop. Puis après, il est revenu pour me dire que mon texte était exposé ici. » Thierry Payet reprend exactement les textes, les mots, les écritures et les formules des enfants. Ainsi, les différentes personnalités transparaissent : « Ah tiens, je reconnais celui qui a écrit ça ! » s’exclame une des maîtresses, amusée, lisant les textes au mur lors de l’inauguration. L’ensemble de ces témoignages forme un tout, un corps, représentatif du groupe d’habitants que sont les enfants de Trappes. Ces nouveaux participants permettent aussi de donner la parole à ce groupe peu écouté d’ordinaire.

La parole des habitants comme lien 

L’artiste présente l’ensemble de son travail depuis le début de la résidence. Au fil du parcours, nous voyons que toutes les paroles ont servi à la construction d’une création multiforme. « C’est bien son travail, c’est rassembleur », dit une des habitantes qui a participé au projet. Dans le hall de l’école de musique, nous retrouvons ses cartes narratives. L’artiste a détourné une carte Google Maps pour y inscrire les lieux auxquels les participants ont fait référence. De nombreux pays à travers le monde sont cités, le Sri Lanka, le Maroc, la Guyane… « C’est là que je me suis rendu compte que Trappes était une ville-monde », explique-t-il aux visiteurs. Nous retrouvons cet aspect dans tous les témoignages et donc dans l’ensemble des œuvres présentées.

Au premier étage, dans une des salles, la voix des habitants et leurs histoires retentissent dans un silence introspectif dans lequel les visiteurs tendent l’oreille face au baffle. Dans un couloir, les histoires écrites sur différents papiers sont épinglées sur les panneaux municipaux. Intrigués, les enfants entraînent les parents par le bras et ensemble, ils se penchent sur les panneaux pour lire les histoires. Des gloussements, des « Ah ! C’est bien vrai ! », « Et moi, je suis où ? » se font entendre des attroupements multicolores d’imperméables et de pulls, en ligne face au mur. Chacun des participants face à ces histoires se sent partie prenante de l’œuvre, qui se veut à l’image de la ville et de ses habitants.

Un artiste à l’écoute des habitants

Les enfants n’hésitent pas à interpeller Thierry Payet pour lui poser toutes les questions qui traversent leur esprit. Il leur répond avec autant de franchise. Ainsi, redescendu au rez de chaussée en suivant les élèves, l’artiste nous montre des prototypes de deux projets. Lorsqu’il arrive devant les prototypes de la table sur laquelle il devait graver les paroles des enfants, un élève lui saisit la manche et lui demande « Mais elle est où ? ». Il lui explique que le menuisier de la ville qui devait la réaliser s’est cassé le pouce, ce qui l’a empêché de la fabriquer. Mais elle sera présentée à la prochaine restitution, « Et tu viendras ? » lui demande l’artiste.

Le deuxième prototype se présente comme des porte-clefs de multiples couleurs sur lesquels sont gravées des histoires racontées par les habitants. Ils s’accrochent aux clefs des portes de la ville, mais pas seulement celles des institutions, celles des habitations aussi. Cela permet de réinsérer symboliquement les histoires dans toute la ville. Un travail qui reflète bien le dialogue, sincère et confiant, qui s’est établi entre l’artiste et les habitants de tout âge. Au cours de l’inauguration, Thierry Payet parle avec tout le monde, est alpagué de toutes parts ; un habitant lui demande même un selfie. Comme s’il avait toqué à la porte et que la ville la lui avait ouverte en grand, ce qu’on ferait pour un vieil ami. Et pour cause : « Ce travail nous aide à mieux nous connaître », souligne Philippe Guéroult, élu à la culture, dans son discours de clôture de la cérémonie.

L’article précédant sur le travail de Thierry Payet : par ici !

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Infos de l'auteur

Babtou rousse ayant grandi à Trappes, j'aime les vieux livres, l'art, le théâtre, la danse, le cinéma. Côté étude : diplômée en reliure-dorure à l’École Estienne, je suis actuellement en licence de Préservation des Biens Culturels à Paris 1. Je m'intéresse beaucoup aux questions de culture, de transmission, d'environnement, d'histoire dans les sociétés. J'aime apprendre des autres de nouvelles choses.