L’écologie se vit à l’Amap de Trappes

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Parce qu’en banlieue aussi on se soucie de son alimentation et de la manière dont on veut consommer, un réseau francilien d’Amap (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysane) s’est créé et se développe avec succès depuis 2003. Reportage, un samedi à l’Amap trappiste Farces à Trappes, nouvelle née dans les Yvelines.

Tout est calme au bout de la rue Jean Zay, celle qui longe la voie ferrée du côté de la zone industrielle de Trappes. Tout est calme. Et pourtant d’une fenêtre de la salle du centre socioculturel Michel Luxureau, une lumière apparaît. À l’intérieur, des mains s’affairent à installer tout un tas de légumes sur une grande table. C’est ainsi que s’installe l’Amap créée par l’association Dédale, Farces à Trappes. Outre le jeu de mot avec « farces et attrapes », farces signifie « Favorisons une Agriculture Relocalisée Champêtre Équitable et Solidaire ».

Une poignée de bénévoles se sont, comme tous les samedis, donnés rendez-vous de bon matin pour ouvrir l’Amap. Laurent, l’agriculteur, apporte sa récolte et les bénévoles présents l’aident à décharger les cageots. Ensemble, ils repartissent les différents légumes en « paniers ». Un panier suffit pour une famille de 4 personnes. Il est possible de prendre un demi-panier. Un quart d’heure après, la distribution peut commencer.

Un intérêt pour tous

À mon arrivée, Marc est en train de répartir les tomates rouges et anciennes dans des bacs servant de panier. « Une Amap c’est pas comme un supermarché. Les gens viennent chercher leurs légumes dans une ambiance conviviale. La qualité des produits est différente.» m’explique-t-il d’emblée. Pour en faire partie, c’est simple, il suffit de s’inscrire en passant un coup de fil ou par courriel. L’organisme se fait connaître surtout par le bouche à oreille. Internet y contribue également. Farces à Trappes compte une cinquantaine de bénévoles. Chacun se prête plus ou moins au jeu mais la bonne volonté est là. Pour Marc, peu importe le niveau social et le milieu de vie des bénévoles. Ça ne change rien. « Ce qui compte, c’est l’attention de chacun à son mode de consommation. ». Selon lui, si une personne veut manger sainement et aider les maraîchers locaux, elle s’intéressera à l’Amap.

Produire ce que l’on mange

« Ici, il n’y a pas de consommateurs mais des consomacteurs » précise Laurent. Contrairement au consommateur, le consomacteur ne se contente pas de manger. Il participe à la production de sa nourriture. Les personnes inscrites sont bénévoles de l’association et s’engagent à aider Laurent sur son exploitation, une fois dans l’année au minimum. Cette participation les pousse à rester fidèles à leur producteur, puisqu’ils paient leur panier 17€ que la récolte soit abondante ou mauvaise. Une manière de permettre aux producteurs de maintenir leur activité, leur qualité de vie, et la qualité des produits qu’ils fournissent. L’exploitation de Laurent se situe à 45 minutes de Trappes, à Pierres, en Eure-et-Loire, tout prêt de Maintenon. Laurent y possède 10 hectares de terrains dont 8 en engrais verts (dont 6 en culture) et 2 composés de chemins et de haies. Son exploitation est active grâce aux bénévoles mais pas seulement. Des stagiaires, dont un apprenti, ont été recrutés. L’Amap y organise également des ateliers pour adultes et enfants. « On crée du lien avec le producteur » argumente Marc. Trappistes, Ignymontains, Guyancourtois et autres Yvelinois se réunissent ainsi dans une dynamique alternative et citoyenne.

L’activité de l’Amap de Trappes a débuté fin 2014. Pas de saturation pour le moment, la capacité de distribution se fait selon la capacité de production. Il y a même du rab, souvent des produits qui ne peuvent être stockés plus longtemps. Aujourd’hui ce sont des petits poivrons. Chacun peut s’en servir à volonté.

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Rencontre avec Safia, mère consciencieuse

Quand la distribution commence, les bénévoles, jeunes et vieux, viennent seuls ou en famille. Ils se saluent, rigolent, échangent les dernières nouvelles et remplissent leur sac, panier ou chariot, des victuailles déjà préparées. Safia est venue avec sa fille. Après avoir fait ses provisions, elle m’explique qu’elle est une enfant de Trappes, habitant actuellement à Montigny-le-Bretonneux. Elle fréquente l’Amap depuis un an et demi. Cet intérêt pour la consomaction bio n’est pas dû au hasard : « J’ai pris conscience à la naissance de mon premier enfant, il y a dix ans » me raconte-t-elle. Naît alors cette volonté de manger des produits issus de l’agriculture biologique, tout en aidant les agriculteurs locaux. Dans un premier temps elle fréquente les magasins bio, et puis elle se met à chercher une Amap à côté de chez elle. C’est sur internet qu’elle a trouvé Farces à Trappes. Depuis, elle jongle entre les deux structures et se rend sur l’exploitation de Laurent lorsqu’elle a un moment de libre, surtout le week-end quand il fait beau…

Une matinée sans fin…

Selon le planning fixé par les organisateurs, la salle devait être rangée au moment où je m’apprête à partir. Ce bout de rue est bien plus animé qu’il y a une heure. L’activité matinale semble sans fin tant elle fonctionne bien. Une tomate Green Zebra dans la main droite, donnée pour « tester l’Amap » selon Marc, je salue du regard les gens vaquant à leurs occupations, regrettant finalement de ne pas y participer moi-même.

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Infos de l'auteur

Dionysien de naissance mais Guyancourtois de cœur, j'ai grandi entre Guyancourt, Montigny et Voisins. Passionné de lecture, d'écriture et de politique, j'ai crée un blog "Elections Guyancourtoises" et participé à la rédaction du journal local "Le Complément". Le Trappy Blog est une nouvelle étape dans mon engagement.