Au lancement de la primaire de Benoît Hamon

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Le week-end du 27 et 28 août, Benoît Hamon a lancé sa campagne pour la primaire socialiste qui aura lieu fin janvier 2017. Le rassemblement a eu lieu à la Plaine Saint-Denis (93) et le Trappy Blog s’y est rendu pour suivre à la loupe l’événement du député frondeur de notre circonscription.

Arrivée à 12h30, à l’heure, sous 35 degrés. On nous apprend (nous sommes 3) que l’entrée est payante. 15€ par personne + 25€ pour le dîner, pour “financer la campagne”. “Si si, c’était écrit dans un mail”. On n’avait pas vu. On fait la tronche. Puis on nous dit que l’entrée est gratuite pour les étudiants, et les chômeurs, et le dîner en reduction à 10€. Au total, ça nous coûtera 15€. Mais « on prend pas la carte ». Du coup, nous voilà dans l’obligation d’aller retirer de l’argent de l’autre côté d’un pont sous une chaleur asphyxiante. Ca nous fait rire, car même en avance on se retrouve dans une galère.

Ainsi se passe notre a arrivé à L’Usine (Saint-Denis) où Benoît Hamon, député de la circonscription de Trappes, lance sa campagne pour l’élection présidentielle de 2017, qui passe par une candidature à la primaire socialiste. Élus, militants, sympathisants, journalistes ou simples citoyens, nous voilà réunis aux alentours de 13h30 pour la séance plénière, coup d’envoi de ce week-end. La salle présente quatre modestes ventilateurs pour 500 places, et un bar avec carafes d’eau glacée afin d’éviter toute mort subite de militant terrassé par manque d’hydratation. Tout le monde prend place.

Le rassemblement s’ouvre sur un sujet médiatique brûlant avec lequel on nous bassine à longueur de journée depuis des mois : le terrorisme. On assiste donc en début d’après-midi à une plénière animée par Ali Rabeh, adjoint au maire de Trappes sur ce que le terrorisme révélerait des fractures sociales en France, en présence de Rachid Benzine, islamologue enseignant à l’IEP d’Aix-en-Provence et de Pascal Boniface, géopolitologue et directeur de l’IRIS.

Au terme de cet échange un peu long, où finalement peu de propositions susceptibles d’enrichir un programme ont pu voir le jour, Benoit Hamon nous invite à prendre place autour d’une table où sont présents un journaliste de Libération et un autre de Médiapart. On fait comme si c’était normal. On se rend compte que l’ambiance entre journalistes et politique repose sur la confiance, chacun jouant néanmoins avant tout son rôle. Le « off » côtoie le « on » sans qu’on sache bien où se trouve la ligne de partage. On regarde. Benoît Hamon se définit comme fédérateur de gauche. Pourtant, contrairement à la tradition du choix présidentiel sous la Vème République, il dit vouloir sortir du “schéma à sens unique des lancements de campagne aux présidentielles où le candidat parle et son public écoute”. Benoit Hamon souhaite la venue d’une VIème République qui donnerait moins de pouvoir au président de la République, et plus à l’Assemblée Nationale. C’est que le député yvelinois n’a de cesse de dénoncer le culte de l’homme politique providentiel, bien qu’il souligne la légitimité de sa candidature fondée sur sa capacité à fédérer l’ensemble des forces appartenant à la gauche de la gauche.

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Quand c’est à notre tour de lui poser des questions (on a laissé les pros parler avec le pro), le candidat est affable. Il ne nous fait pas sentir de distance. Là-dessus il est étonnant, quand même, le Benoît Hamon. Concernant les questions liées aux inégalités scolaires qui nous préoccupent, l’ex-ministre de l’Education Nationale dit vouloir revaloriser les filières techniques et professionnelles en réformant l’orientation en fin de 3ème. C’est l’orientation sa priorité, beaucoup moins la lutte contre le décrochage dés les premières classes du primaire. Pourtant, Benoît Hamon propose l’idée d’un service public d’aide aux devoirs pour les élèves en difficulté afin de pallier les inégalités sociales qui se reflètent dans les résultats à l’école et dans l’incapacité de nombreuses familles à se payer un prof particulier. Une autre axe de sa campagne concernera la possibilité d’offrir des formations de meilleurs qualités aux enseignants. “Aujourd’hui, on a besoin de plus de professeurs, mieux formés en formation initiale mais aussi, en formation continue.

Concernant le chômage dévastant les quartiers populaires, Benoît Hamon souhaite lutter contre la discrimination à l’embauche. Concernant les chômeurs peu ou pas qualifiés, on retiendra notamment son envie de mettre en lumière les programmes de réinsertion au cas par cas. Mais “il n’y a pas de solution miracle”, “il faut passer par des initiatives de long-terme”, affirme-t-il. Quand on lui demande si des politiques de relance économique sur le modèle de ce qui s’est fait à l’étranger seraient selon lui envisageables, il dégaine son attrape-écolos, la lutte contre le tout-croissance, en raison de ses effets destructeurs de l’environnement, et dans la mesure où ce tout-croissance est au cœur des politiques de réformes du droit du travail et autre remise en cause d’acquis sociaux. Benoît Hamon souhaite un nouveau modèle économique. Mais il veut aussi moins de chômeurs. Le problème étant qu’on ne voit pas encore bien comment ce nouveau modèle économique permettrait de réduire de manière conséquente le taux de chômage. On verra si de nouvelles idées apparaissent de ce côté-ci.

Notre journée (sans dîner) s’est finie par six « Ateliers des solutions », que le Trappy Blog a suivi autour de la question (tout à faire ouverte) de savoir si « Courir après quelques dixièmes de croissance a‑t-il un sens ? », autour de l’affirmation « Les hommes providentiels se succèdent et pourtant la démocratie française s’enfonce dans la crise » mais aussi autour de la « Lutte contre les discriminations : quelles réponses pour sortir de l’impasse ? ». On aurait aimé suivre aussi celui sur la lutte contre l’échec scolaire, mais on n’était pas assez nombreux. Chaque atelier est divisé en 3 phases : concertation de groupe à chaque table, compte-rendu des rapporteurs (un par table) et conclusion. Au final, ces ateliers censés enrichir le programme de Benoît Hamon à la primaire ressemblaient plus à une forme légère de Team Building pour militants d’autant plus impliqués qu’on leur laisserait prendre la parole sur ces sujets brûlants.

Le lendemain, dimanche, c’était grand-messe, l’heure du discours fleuve de Benoit Hamon. Pour se mettre en bouche, nous avons eu le droit à trois discours fleuve, de la part 1) de Claude Alphandéry, puis 2) d’une économiste rappelant notre obligation de changer de modèle de développement économique (d’où la question ouverte de la veille), et enfin 3) d’un discours dont aucun de nous ne se souvient bien de quoi il fut question. C’est ensuite que le héros du jour entra en scène, assénant rapidement des attaques assassines contre le chef du gouvernement actuel et plus généralement le dernier quinquennat, des propositions autour de la réforme du projet européen, de la lutte contre l’échec scolaire, les discriminations et les délires actuels autour de l’Islam, la mise en place d’un revenu universel, la réduction du temps de travail. Ça faisait beaucoup pour nos jeunes cerveaux. Quoi qu’il en soit, c’était bien la première fois qu’on était présents au lancement d’une campagne présidentielle.

Salma Dahir & Tristan Péribois

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Infos de l'auteur

Etudiante en M1, Trappiste depuis toujours, j'écris pour raconter des histoires et des rencontres.