« J’aime les supports qui ont une histoire et qui impliquent des contraintes. Cela me rappelle la rue ». Kouka, 35 ans, est street-artist. Mais aujourd’hui, les murs ne sont plus les seuls supports de ses oeuvres. Il aime beaucoup peindre sur du carton ou du papier qu’il maroufle (ndlr : maroufler consiste à coller un support peu solide, comme du papier, sur un plus solide) sur la toile. “J’aime me réapproprier des objets du quotidien et m’en servir comme support. Le papier symbolise pour moi le début de l’écriture et donc du message”, explique-t-il. Et le message que Kouka souhaite faire passer est simple : « Se réapproprier l’espace “public” et sortir l’Art des carcans élitistes afin de lui redonner une dimension populaire ». Il cherche ainsi à rendre son art accessible à tous.
Né à Paris en 1981, Kouka a commencé le graffiti à l’âge de 15 ans. « Quand j’ai commencé à peindre dans la rue, le terme street art n’existait pas encore et on se faisait jeter des pierres, alors qu’aujourd’hui c’est une pratique courante. L’envie de peindre dans la rue à toujours été présente », se souvient-il. Car l’art a toujours fait partie intégrante de sa vie. Sa mère est en effet une dramaturge française tandis que son père est un artiste Congolais, son grand-père est un peintre expressionniste, Francis Gruber. Bien que ses origines africaines influent sur son art, elles ne constituent pas son unique source d’inspiration. Les grands maîtres de la peinture italienne restent à ses yeux « toujours inégalés ». Après une formation de peintre décorateur, il intègre l’école des beaux arts d’Avignon en 2000. Une fois son diplôme en poche, il décide de « mixer » sa passion pour le graffiti avec sa pratique d’artiste plasticien.
Artiste éclectique, Kouka conjugue dans ses œuvres tradition et modernité. On le ressent d’ailleurs dans ses portraits avec ses nus et portraits de guerriers qui semblent avoir été peints à grande vitesse, bourrés de coulures.
Il voit en chaque objet, chaque mur, une potentielle œuvre d’art. « Quand tu peins sur un mur tu dois t’adapter au contexte environnant mais aussi à la texture et au format de celui ci. Le support est rigide ce qui rend l’œuvre plus fragile, voire éphémère. C’est ce qui m’intéresse : le paradoxe entre la force d’une image et sa fragilité » ajoute-t-il.
Kouka prépare d’ailleurs en ce moment sa prochaine exposition à Jardin Rouge, une résidence d’artiste près de Marrakech, où il développe un travail de peinture sur bois : un nouveau support de travail et donc un nouveau défi pour lui.
Site web de Kouka : www.kouka.me
Katia Nunes