Le bac ancienne version, c’est facile ou difficile à obtenir ? Retour d’expérience d’une lycéenne et d’un lycéen sur cette épreuve qui dure au moins deux ans.
“J’ai complètement foiré les épreuves anticipées, franchement, j’ai fait de la grosse merde”, annonce Lican, 19 ans, élève au lycée de la Plaine de Neauphle, à Trappes, qui vient d’avoir son bac littéraire après deux tentatives. Comme tous les élèves de section littéraire, Lican a eu plusieurs épreuves anticipées en première : les TPE (travaux personnels encadrés), l’écrit de Sciences, l’écrit et l’oral de Français. Lican explique qu’il les a toutes ratées en 2017 : “TPE j’ai eu 11, SVT j’ai eu 6, français écrit j’ai eu 4 et français oral j’ai eu 9”. A l’oral de français, les élèves en filière ES et S ont une vingtaine de textes classiques, allant du XVIe siècle au XXIe siècle à apprendre, les L un peu plus. “J’en avais 24 à apprendre. Il n’y a aucune personne qui peut apprendre la totalité de tous les textes, wesh c’est chaud”. Pour lui, l’épreuve orale demande tellement de travail qu’il se sent incapable de connaître tous les textes et qu’il est “obligé d’aller en semi-impro au moins ; tu ne peux pas tout apprendre par coeur, c’est impossible. Moi franchement, j’ai fait de l’impro”. En ratant les épreuves anticipées, il a accumulé 26 points de retard : “C’est pas mal quand même”. 26 points de retard c’est assez conséquent pour être inquiet, mais ce n’est pas le cas de l’optimiste Lican : “J’étais plus en mode il faut que je rattrape les points que j’ai perdus, il faut que j’assure en option cinéma pour rattraper”. Pour lui, la probabilité qu’il n’ait pas son bac était inexistante : “je me suis jamais dit que je n’aurais pas mon bac. Quand j’ai vu mes résultats, je me suis dit woooo c’est chaud quand même, il va falloir travailler en terminale”.
Sherryl, une ancienne élève de terminale du lycée de La Plaine de Neauphle, qui vient d’avoir son bac cette année, annonce avec un ton amusé : “Ben moi je n’étais pas prête à tomber sur le roman à l’écrit de français, je me suis totalement ramassée”, 7/20.” Elle aussi trouve qu’il y a beaucoup de texte à apprendre : “Pour moi, c’est pas possible que j’apprenne l’intégralité des textes, je suis partie en live devant la prof”. Sherryl, comme beaucoup d’autres élèves ayant commencé à réviser trop tard, dit avoir utilisé une stratégie qui consiste à réviser les chapitres ayant selon eux le plus de probabilité de tomber, et d’en délaisser d’autres. Pour son oral de français, elle est “ tombée sur le sujet le plus facile, mais c’est celui que j’ai le plus délaissé en fait puisque je me suis dit “bah c’est le sujet le plus facile bon bah vas‑y je ne vais pas réviser”, mais finalement, je suis tombée dessus”. Cependant, elle savait “ comment analyser un texte de français grâce aux explications claires de ma prof” et parce qu’elle avait “des connaissances sur le cours qui m’intéressait vachement, du coup j’étais attentive au cours”. Ce qui lui a permis d’obtenir 15/20 et de compenser sa note d’écrit de français. Au final, elle a plutôt réussi ses épreuves anticipées et a réussi à accumuler quelques points d’avance pour le bac final l’année suivante.
“La première année, je ne vais pas mentir j’ai rien foutu. Voilà il faut le dire, j’ai fait le ouf en mode vas‑y j’y vais au talent, j’ai fait vraiment le malin et je n’ai pas eu mon bac”, annonce Lican avec une légère déception. Pour préparer sa seconde tentative, Lican a plutôt opté sur les accompagnements pour préparer son bac et n’a pas hésité à demander de l’aide à ses professeurs : “La deuxième année j’ai beaucoup plus révisé, il y a des profs qui m’ont aidé comme ma prof d’anglais qui m’a fait passer un oral blanc et réviser. Et mon prof d’histoire aussi avec ses cours hyper clairs. Laurie, mon amie, m’a aidé aussi”. Il poursuit : “c’est important de se servir de l’aide qui est à notre disposition. Par exemple, les profs sont chauds pour nous aider, ils sont là. Par exemple notre prof d’espagnol nous a fait elle-même nos fiches dans sa matière. C’est vraiment un sucre, elle est trop gentille”, se rappelle Lican ”. Pour Lican, la philosophie, qu’il a découverte en classe de terminale, a été une des matières difficiles du bac : “On a trop peu de temps pour la philo et aucun prof arrive à terminer son programme. Tu rentres en cours, tu ressors, t’as la tête juste vide ”. Il ajoute : “La plupart des gens ont eu des notes médiocres. Même ceux qui travaillaient ont eu des notes pas ouf”. Sherryl a également eu du mal avec la matière. Elle s’est aidée d’internet : “J’ai regardé des vidéos sur Internet et ça m’a beaucoup plu. Je comprends beaucoup mieux comme ça”. Pour l’Histoire en terminale comme en Français en première, elle a sélectionné les chapitres qu’elle allait le plus réviser et le moins réviser : “J’ai surtout révisé les chapitres principaux en fait, c’est-à-dire les grandes puissances en histoire”.
“Pour les langues, les profs nous ont mis beaucoup beaucoup de pression en nous disant que ces épreuves peuvent nous faire rater le bac”, raconte Sherryl avec un ton surpris. Mais c’était pour une bonne cause selon elle : “En fait ça peut paraître un peu brusque, mais elles avaient raison parce qu’on foutait vraiment rien en classe, quoi. On est assez timide, on participe pas beaucoup. C’était pour nous aider”.
Lican, lui, n’a pas ressenti de stress au cours de l’année, hormis le jour j : “Tout au long de l’année je n’étais pas stressé, mais le jour j, je l’étais quand même”. Pour se concentrer lors des épreuves, il a opté pour des boules Quies : “Tu mets des boules Quies et tu te concentres beaucoup plus vite, ça marche de ouf, t’es tout seul avec tes pensées”. Le stress pour lui était moins à l’école qu’à la maison, vis-à-vis de ses parents : “Pour eux le bac c’est important, c’est genre la base, tu dois l’avoir. Si tu l’as ça sert à rien, mais si tu ne l’as pas c’est handicapant”. D’ailleurs, la première fois quand il n’a pas eu son bac ses parents “avaient le démon, ils n’étaient pas contents”.
Cette année il a l’eu de justesse, au rattrapage. Il avait 78 points de retard, le maximum de points que l’on peut rattraper, en sachant qu’en raison de la grève liée à la réforme Blanquer, sa copie de philosophie n’avait pas été corrigée et qu’elle avait été remplacée par celle de l’année dernière, soit 4/20. Il a su plus tard, une fois que sa copie avait été corrigée, que sa véritable note est de 10/20. Ce n’est pas pour autant qu’il a perdu espoir : “ Ok, le rattrapage. Mais je vais l’avoir. Je n’ai jamais pensé que je ne vais pas avoir le bac. J’ai pris philo et littérature, Laurie m’a fait tellement réviser, j’ai pas dormi de la nuit”. Au final, il a réussi ses épreuves de rattrapage et est “tombé à 10”. De quoi réjouir ses parents, déçus une première fois, et de terminer sur une note positive : “Ils étaient contents comme n’importe quels parents j’imagine, ça fait 2 ans que j’essaie d’avoir ce foutu bac et là je l’ai eu. Ils étaient à la plage quand je leur ai annoncé la bonne nouvelle”.
Lican a connu une pression supplémentaire liée au bac concernant l’enregistrement du choix des études supérieures des élèves sur Parcoursup “ Parcoursup c’est le sujet qui fâche ! Si tu n’as pas d’école, à quoi sert le bac ?”. Il poursuit : “Moi je n’ai toujours pas d’école au moment où je te parle. Au début je stressais quand même un peu pour mon avenir, j’avoue, mais bon je vais réussir à trouver un boulot”. Sherryl aussi a un sentiment mitigé sur le sujet ; “J’ai pas vraiment vraiment aimé Parcoursup. Un moment le site a fait que j’ai perdu tous mes vœux. Il y a eu d’autres bugs. En gros vers avril, il y avait des élèves qui avaient été acceptés dans une école, mais un bug a fait qu’ils étaient plus acceptés”. Au moment de préparer le bac beaucoup d’élèves ne savaient même pas s’ils étaient acceptés avant de passer le bac. C’est notamment le cas de Sherryl : “Jai dû attendre quand même le 17 juillet, soit 2 jours avant la date limite, pour que j’aie enfin la proposition d’admission. Et j’ai eu ce que je voulais”.
Clara Roy