Je souhaiterais devenir plus tard enseignante, mais étudier, faire des recherches, bien que cela me plaise beaucoup, ne me suffit pas : j’ai besoin d’être active, présente sur le terrain, de me faire une idée concrète de ce qu’est être « prof », « instit ». Faire des stages s’est donc naturellement imposé à moi. J’ai eu la chance d’en avoir effectué deux jusqu’ici, dans deux établissements aux profils bien différents : une école publique de Nanterre, plus exactement dans le quartier Pablo Picasso – réputé comme un des quartiers les plus « sensibles » de la ville- où j’ai mis en place des séances d’initiations à l’Allemand avec une classe de CM1/CM2, et une école privée catholique parisienne, l’école primaire Massillon, dans le 4e arrondissement, regroupant, avec le 16e, une population aisée. Bien que n’ayant jamais fréquenté d’établissement privé, je me doutais bien qu’il y aurait quelques différences, notamment au niveau du comportement des élèves ou bien dans l’organisation des cours, que j’imaginais assez stricte en établissement privé. Je me demandais si les idées préconçues que j’avais en tête étaient toutes vraies, et c’est ce que j’ai choisi de raconter dans ce nouvel article.
La première chose qui m’a frappée lors de ma première journée de stage à Paris a été l’architecture de l’école, construite au XVIIIe siècle. Ce bâtiment de pierres a pour particularité de regrouper toutes les classes, de la grande section de maternelle au CM2, chaque niveau ayant un étage et chaque classe, française, anglaise ou allemande, sa salle. La petite taille de l’école m’a également surprise, moi qui m’étais presque perdue dans l’école élémentaire Pablo Picasso, à l’architecture plus moderne, lors de ma première journée de stage à Nanterre. Le faible effectif des classes que j’ai observé à Paris facilitait l’interaction entre élèves et professeurs, qui étaient ainsi davantage disponibles pour aider ceux en difficulté dans leur apprentissage. Il y avait également ainsi plus de possibilités de mettre en place de petits débats sur des thèmes tels que l’amitié, l’agriculture biologique ou l’environnement. De quoi inciter les élèves parisiens à faire preuve de davantage d’esprit critique. L’effectif plus nombreux que j’avais dans ma classe à Nanterre faisait que les élèves étaient parfois très agités durant nos séances d’initiation à l’Allemand, même s’ils y montraient tous plus ou moins d’intérêt. Le programme scolaire, quant à lui, n’était pas bien différent d’une école à l’autre, mis à part une heure par semaine d’éveil chrétien par semaine pour les élèves de Massillon, ainsi que l’obligation d’assister aux messes des moments importants de la liturgie chrétienne ; Pâques par exemple. Une fois arrivés au collège, les élèves ont alors droit à des cours supplémentaires sur l’Islam et le Judaïsme.
J’estime avoir été bien accueillie par les directeurs et enseignants des deux écoles. On m’a laissé carte blanche pour l’organisation des séances d’initiation à l’Allemand à Nanterre, et j’ai pu conserver une copie des nombreuses fiches de travail que les enseignants de Massillon donnaient à leurs élèves, me donnant ainsi des idées de cours et d’ateliers avec mes futurs élèves. Ils étaient par ailleurs disponibles pour répondre à toutes mes questions.
Il y a un autre aspect dans cette expérience que je souhaiterais ici évoquer, qui est plutôt sociologique. J’ai pu constater que tous les élèves que j’ai pu observer avaient quasiment le même profil à Paris ou Nanterre : ils étaient blacks, blancs, beurs ou même asiatiques, avaient les même centres d’intérêts (jeux vidéos, musique, sport…). La seule différence que j’ai pu noter était dans le train de vie des familles parisiennes. Ceux qui scolarisaient leurs enfants là ou j’étais en stage étaient nécessairement plus favorisés en raison du coût des frais d’inscription liés à la scolarisation dans une école privée. Mais, au final, à cet âge-là, difficile de prendre pleinement conscience des différences entre milieux sociaux, qu’ils pourront constater plus tard.
Katia Nunes