La déchéance de nationalité n’est pas arrivée à terme

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L’article suivant porte sur la déchéance de nationalité que voulait constitutionaliser le président François Hollande. Je l’ai écrit avant son retour en arrière, mais je tiens à le publier parce qu’il me semble tout de même important de noter qu’une telle alternative a été envisagée et proposée.

En Novembre 2015, après les attentats meurtriers qui ont frappé Paris, le président François Hollande fait une annonce bien surprenante. En parallèle de la mise en place d’un état d’urgence renforcé qui a pu sur le moment paraitre justifié, il annonce qu’il va proposer la déchéance de nationalité pour les binationaux terroristes. Ce projet de réforme constitutionnel me choque beaucoup, je suis certes très concernée par cela étant moi-même binationale mais il me semble que c’est un sujet bien plus global et qui concerne l’ensemble de la population. Pourtant, dans les mois qui suivent, en parlant autour de moi, j’ai remarqué que peu de gens se sentent concernés par ce sujet. Les uns disent qu’ils ne sont pas binationaux, les autres annoncent que là n’est pas le vrai problème, d’autres encore se disent choqués mais ne veulent pas s’attarder sur le sujet. J’ai alors rencontré Maya, une jeune fille de 21 ans de mère française et de père algérien mais n’étant pas binationale. J’ai longuement parlé avec Maya qui a accepté de répondre à certaines de mes questions. Cette jeune fille est une amie de ma cousine et vit en banlieue parisienne.

Ainsi, pour Maya cette décision n’est pas utile d’abord parce qu’elle ne concerne que très peu de personnes. Maya me dit que depuis 2011 seuls Mohamed Merrah et Abdelhamid Abaaoud étaient binationaux, donc que sur 15 terroristes qui ont agi en France, seuls deux sont binationaux. Maya affirme également que cette déchéance n’est pas utile sur les actions des terroristes mêmes, ils n’arrêteront pas leurs attentats pour le seul risque de perdre leur nationalité française.

Maya m’a ensuite affirmé qu’elle ne se sentait pas personnellement concernée par cette décision, n’ayant qu’une nationalité mais qu’en tant que citoyenne française elle se doit d’être concernée. En effet, pour elle les lois ou décisions prises en France concernent l’ensemble de la population française en tant que citoyens et pas simplement ceux qui sont visés par cette décision.

Les amis et les proches de Maya ressentent la même chose qu’elle. Ceux qui sont binationaux, ne se sentent pas vraiment impliqués dans le sens où cette loi concerne les terroristes mais l’idée de savoir qu’il est possible qu’on leur enlève leur nationalité les interpellent et les révoltent.

Enfin Maya conclut en affirmant que cette décision « ne changera pas grand-chose » et peut plutôt provoquer de nombreux désaccords entre les citoyens français.

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Infos de l'auteur

J'ai 19 ans, je suis en première année à Sciences Po Paris. Je suis très engagée dans la vie citoyenne. Je partage mon temps entre les études, les amis et les engagements associatifs et politiques.