Best-of des questions à ne plus poser à ta camarade d’origine maghrébine

0
  1. Tu te sens française OU marocaine/algérienne/tunisienne ?”
  2. Tu veux porter le voile ? Parce que ce serait dommage de plus voir tes beaux cheveux…”
  3. Tu parles qu’arabe à la maison?”
  4. Tu n’aimes pas le couscous ? Mais non ! Je suis plus arabe que toi en fait ! *rires*”
  5. Tu peux m’amener des gâteaux après votre fête du mouton?”
  6. Je faisais du foot avec une Fatima dans le 78, tu la connais?”
  7. J’ai trop bronzé. Je ne ressemble pas à une beurette là?”
  8. Hé, je sais parler ta langue : khalouf, hamdoullah, inchallah. J’ai un bon accent?”
  9. C’est ta musique là, pourquoi tu ne danses pas?”
  10. Je t’aime bien, tu n’es pas comme les autres arabes, tu sais?”

Entre rires gênés, interrogations, agacement ou frustration, ces questions maladroites ont un point en commun : elles essentialisent ta copine d’origine maghrébine. Cela veut dire qu’elles réduisent son identité à un caractère plus ou moins visible ou véridique et masquent la variété des parcours et des constructions identitaires de toutes les personnes qui lui ressemblent. Être un stéréotype, ce n’est vraiment pas drôle. Que ce les médias, ou toi, qui la catégorisez soit comme une “voilée soumise et endoctrinée” (d’après Laurence Rossignol, Ministre de la République) ou une “beurette” aux mœurs légères fumant une chicha (d’après certains poètes rappeurs), l’offense est faite.

Le problème, c’est qu’elles ont entendu ces questions des centaines de fois. Si tu veux être drôle, c’est raté. Si tu veux la réconforter, tu l’enfonces. Si tu veux lui donner des conseils sur sa vie, garde-les pour toi. Si tu veux mieux la connaître ou connaître le groupe culturel auquel tu penses qu’elle appartient, utilise la diplomatie, le tact, ou Google. Dans tous les cas, garde en tête qu’elle n’est pas ni la représentante d’un syndicat fantasmagorique “des Arabes de France”, ni celle “des Musulmans discrets et modérés”, tel que les rêve Jean-Pierre Chevènement, ni de toute autre catégorie stéréotypée.

Finalement, le plus important dans tout ça, c’est de comprendre que ce n’est ni vraiment à moi, ni à elles, de souligner que ces propos sont irrespectueux et offensants. Il faudrait, – mais comment ? – que ce soit celui ou celle qui les énonce qui puisse comprendre que ces propos sont déplacés. Remettons cette question une fois de plus sur le métier et continuons de critiquer la force de l’intériorisation de ces clichés qui influencent voire déterminent trop souvent nos manières d’agir face à l’Autre.

Partager sur :

Infos de l'auteur

Etudiante en M1, Trappiste depuis toujours, j'écris pour raconter des histoires et des rencontres.