Des belles lettres aux belles actions

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Valérie, directrice de la mission populaire à Trappes, nous confie ses impressions lors de sa première arrivée à Trappes, ses missions au sein de la structure ainsi que son point de vue en tant que Trappiste. Portrait d’une femme passionnée par son travail.

Des belles lettres aux belles actions

Après avoir obtenu sa licence en lettres modernes, Valérie RODRIGUEZ, part en coopération à Madagascar pendant deux ans pour enseigner le français dans un collège malgache. Une fois rentrée en France, la jeune femme passe un diplôme universitaire « Humanitaire et développement » afin de travailler dans le social. Après sept ans de travail dans une ONG, Valérie occupe un poste municipal pendant une année dans le centre social Moro à Trappes. Aujourd’hui, elle est directrice de la mission populaire à Trappes depuis quatre ans. :« C’est un poste très intéressant puisqu’on ne fait pas dix fois la même chose. La dimension d’accueil des personnes me plaît énormément ».

C’était inimaginable de vivre à Trappes

« Je me rappelle le jour où on s’est rencontrés, moi et mon mari à Paris. Quand il m’a dit qu’il habitait à Saint Quentin en Yvelines, il ne m’a pas dit que c’était à Trappes. Lorsqu’on est venus ici, j’ai dit : « mais non, Trappes ! » C’était imaginable de vivre à Trappes, mais après un laps de temps, je me suis dit comme j’étais bête ! Croire à des idées pré-conçues sans voir de près la ville, c’est une bêtise ! » D’ailleurs c’était le même type de réflexion que se faisaient des bénévoles Versaillais qui venaient donner des cours à la miss Pop, et notamment une qui « est sortie trois fois en deux heures pour vérifier l’état de sa voiture garée dans un parking près de la miss pop ! Mais c’était sa première visite de Trappes. Après elle s’est fait la même réflexion que la mienne ».

Tendre la main aux jeunes, c’est la principale de ses missions

La jeune femme reste stupéfaite devant la comparaison Trappes/ Molenbeek, elle ne comprend pas la réaction des médias concernant la ville de Trappes. « Lors des émeutes de 2013, les journalistes disaient qu’elle y avait une guerre civile à Trappes, alors j’ai décidé de faire un tour à pied. J’ai alors vu une scène révélatrice : il y avait 15000 cars de CRS, personne sur la place et un petit garçon qui jouait avec la fontaine qui s’y trouve ». Au contraire de l’image diffusée par les médias où Trappes est décrite comme la cité rebelle par excellence, « La ville héberge un grand nombre de talents, mais on ne communique pas assez sur ce qui s’y passe de positif ». Sur le même registre, Valérie pense que la première priorité est de donner de l’importance à la jeunesse. Il faut lui tendre la main et ne pas la laisser se perdre dans le fléau des promesses nocturnes : « ces jeunes qui partent en Syrie n’ont pas trouvé une raison pour vivre mais ils ont trouvé une raison pour mourir ». Par ailleurs, la directrice reproche une telle « valorisation des réussites à Trappes [qui]se fait toujours par le fait de parler de Jamel Debbouze et de Omar Sy, sans jamais parler des personnalités intellectuelles. Il y en a forcément ! Et puis, on oblige ces jeunes à rêver d’une seule manière alors qu’il y a plusieurs types de réussites. » En discutant, Valérie me donne l’exemple d’un jeune Trappiste, Mustapha Benlahcen, qui est actuellement président de l’association Trappes Actions Solidaires « Mustapha a grandi ici. Il était le premier à partir au ski, en colonies de vacances organisées par la Miss Pop »

On espère changer l’image de la ville

« Ce qui participe à changer l’image de la ville, de c’est permettre aux gens de se rencontrer, parce que lorsqu’on se rencontre, on se connaît et lorsque on se connaît, on n’a plus peur de l’autre » C’est ainsi que Valérie voit la clé d’une bonne cohabitation entre les habitants. La mission populaire accueille plusieurs nationalités, sans distinction de race ni de religion, c’est « un accueil inconditionnel ». Par ailleurs, elle pense que « c’est une très bonne idée d’avoir un blog sur Trappes. Le Trappy’Blog peut changer l’image de la ville parce qu’à travers ce blog, les gens se rendront compte que Trappes n’est pas une ville habitée de djihadistes prêts à se faire exploser toutes les cinq minutes, mais qu’il y a autre chose, des gens qui réfléchissent et qui savent écrire ». En guise de conclusion, Valérie nous cite une très belle phrase qu’elle a lue récemment : « si nous apprenons pas à vivre ensemble comme des êtres humains, nous allons mourir ensemble comme des imbéciles »…

Naissance le 19 mai 1971
1989 : Bac littéraire A 2
1993 : Licence de Lettres Modernes
1995 – 1997 : deux années de coopération à Madagascar comme enseignante
2001 – 2007 : Salariée au CCFD
2008 – 2011 : salariée à l’Adie
A partir de décembre 2012 : Directrice de la Miss Pop
Arrivée sur Trappes en 2007

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Infos de l'auteur

Fascinée par les belles lettres, égarée dans les rimes et amoureuse de Trappes, j'adore l'écriture en générale et la poésie en particulier. Master II littérature générale et comparée. Prix de poésie pour la francophonie en 2010 et prix Halaly de poésie en 2015.