Ce lundi 13 mars, l’équipe de Trappy’Blog a accueilli Alexandre Marqué, journaliste à l’hebdomadaire Toutes les nouvelles de Versailles. Spontané et souriant, il nous a confié ses premiers débuts, son parcours et ses ambitions…
18h30, maison des familles de Trappes. Poliment, Alexandre Marqué présente une courte biographie. Né en 1976 au pied de la colline de la Revanche, aujourd’hui à Elancourt, Alexandre a grandi à Plaisir où il habite toujours. Après avoir fait quatre ans d’études en Histoire à la faculté de Saint-Quentin-en-Yvelines qu’il a conclues sur un mémoire sur l’histoire du journal L’équipe, il parvient à intégrer L’École Supérieure du Journalisme à Paris au lieu de passer le Capes d’Histoire : « J’ai obtenu la mention très bien pour mon mémoire, après une longue hésitation, j’ai choisi d’être journaliste. Prof d’Histoire, ça ne me tenait pas vraiment à cœur… »
Après avoir été diplômé de l’ESJ, il rejoint l’hebdomadaire Toutes les nouvelles de Versailles en 2002. C’est là qu’il se met à fréquenter le terrain et qu’il enrichit sa pratique. « L’école de journalisme apporte des aspects théoriques. Mais c’est vraiment sur le terrain que j’ai appris le journalisme, et je l’ai parfois appris en faisant de grosses bêtises, du genre de celle qu’on ne fait qu’une fois » concède-t-il. Depuis deux ans, Alexandre Marqué est le journaliste en charge du secteur de Saint-Quentin-en-Yvelines, le secteur du Trappy’Blog.
Alexandre estime que son travail dans un hebdomadaire est particulièrement prenant. Il écrit en moyenne dix articles par semaine, deux par jour ouvré : « Ma semaine commence en fait le mardi matin. Le lundi soir, on boucle le journal qui sort le mercredi. Le mardi matin a lieu la conférence de rédaction. Ensuite, je bosse jusqu’au vendredi pour écrire les articles et je les retravaille le lundi avant le bouclage. Du coup, j’ai certains de mes articles toute la semaine dans la tête. C’est la grande différence avec le travail dans un quotidien où chaque matin, on recommence un article et on le termine le soir. C’est une poussée d’adrénaline que j’aimerais connaître. Et puis comme on boucle le lundi soir, les week-ends je continue de recevoir des appels, je réponds à des mails et ça m’arrive de chercher à confirmer des informations ».
Pourtant, ce rythme de travail n’a pas que des inconvénients, et permet notamment de ne pas travailler dans cette urgence qui rend parfois difficile le travail journalistique sérieux. Quand on lui demande ce qu’il pense du journalisme actuel et de la course à l’information en continue, Alexandre se rappelle de l’histoire rocambolesque de la mort de Martin Bouygues. Une dépêche erronée ayant annoncé son décès, un quart d’heure après, les médias et sites d’information relaient tous en même temps la fausse information : « L’information a été vite démentie par le groupe TF1 dont le propriétaire est la famille Bouygues, et là les médias ont tous commencé à s’excuser en même temps ». C’est la confirmation pour lui que la grande majorité des journalistes des chaînes d’info en continue ne prennent pas suffisamment le temps de confirmer les informations qu’ils reçoivent. Quand il est relancé sur la différence qui existe entre son travail de terrain et celui des journalistes qui passent la majorité de leur temps à l’intérieur d’une salle de rédaction, Alexandre admet « qu’on ne fait pas le même métier, c’est sûr », et il ajoute d’un ton grave : « Je me pose toujours la même question : si l’AFP n’existait pas, comment feraient certains médias pour avoir des informations ? ».
Le journalisme de terrain, ça nécessite de bien connaître les acteurs qui agissent sur ce terrain « Je vois souvent les maires, et je dois apprendre à les connaître quand je couvre un nouveau territoire. On déjeune ensemble. Souvent, ça se passe bien. Mais des fois, ça se passe moins bien », raconte-t-il l’air amusé. C’est qu’il lui arrive de recevoir un appel lui reprochant un article : « J’ai déjà reçu un coup de fil à 8h du matin, le mercredi, où la personne au téléphone me demande pourquoi j’ai osé écrire ce que j’ai écrit. Et puis en général, on m’explique qu’on ne me parlera plus, mais ça ne dure jamais plus de six mois. Au final, je préfère avoir des réactions négatives sur un article que de ne pas en avoir du tout ».
Car le journaliste aime être lu. Alexandre Marqué nous avoue qu’il y a des articles qui marchent mieux que d’autres sans qu’il sache souvent vraiment pourquoi. « Les vrais bons articles, ce sont souvent ce qu’on appelle des sujets d’initiatives, c’est-à-dire des sujets qu’on trouve tout seul, à partir d’une idée qui apparaît ou d’une info qu’on trouve au détour d’une conversation ». De même, le journaliste rentre dans le détail quand il explique qu’il arrive parfois sur un reportage en ayant imaginé un “angle”, une manière de traiter le sujet de son article, mais que cet angle ne colle pas à la réalité. Ce sont là ce qu’Alexandre appelle « des fausses bonnes idées » qu’il convient de modifier rapidement, avec parfois des résultats inattendus et des articles de meilleure qualité.
Et pour l’avenir ? Alexandre se voit bien travailler dans un quotidien « pour la montée d’adrénaline qu’on ressent quand on doit commencer un article le matin et le finir le soir avant le bouclage ». L’expérience venant, il se voit aussi devenir rédacteur en chef. Si le journalisme est une passion, c’est aussi, après quelques années, une carrière à construire.